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Ce
n'est plus la facture d'un processus démocratique, ni de l'Histoire faite avec
des banderoles, ni des « résistances de régimes » ou des scènes de dictatures.
Non, c'est du crime contre l'humanité, du massacre, de la tuerie. L'un après
l'autre, les dictateurs du monde arabe tuent, tirent, piétinent et encerclent
les populations pour les exterminer. Ce n'est plus une scène « internationale »
qui appelle au commentaire ou au soutien, mais des tragédies qui se déroulent
entre
des régimes armés et des populations mains nues. D'ailleurs, tous, de Benali à Kadhafi, ont pris cette habitude de « fermer » le pays dès qu'ils se sentent menacés, de couper les connexions Facebook et Twitter, de chasser les journalistes puis de s'adonner, dans le huis clos rageur, à la tuerie. Ce qui se passe depuis trois jours en Libye en est l'illustration douloureuse : ce régime ne tombera pas facilement et assassinera le maximum de personnes avant de s'enfuir se terrer. A l'Occident ou au reste du monde, notre appel est clair : ce n'est plus un processus, vaste euphémisme qui vide l'Histoire de ses hommes pour n'en laisser que les mécanismes, ce n'est plus un processus mais des meurtres qui interpellent les consciences et obligent à l'engagement. L'un après l'autre, les dictateurs cèdent à leur nature profonde de chefs de bandes, recrutent des mercenaires, lâchent leurs policiers enragés, montent le peuple contre lui-même, utilisent les comités de soutien comme chair à canon et troupes de «sauvages » pour, ensuite, venir parler de réformes, de mouvements minoritaires, de menace du chaos et amour de la patrie avant de s'enfuir avec quelques milliards de dollars. Le monde arabe, d'Est en Ouest, est traversé par cette tragédie des Tontons macoutes, des mercenaires et des meurtres au nom de la stabilité et de la souveraineté. Et pour nous, l'histoire est claire: toute personne qui serrera la main de ces gens-là est salie par leur culpabilité, tout Etat qui leur vend armes ou verbes de soutien ou lacrymogènes est criminel, toute opinion qui s'en amuse ou se contente de l'encouragement assis à la démocratie est complice de meurtre. Il se déroule, dans certains pays arabes, des massacres et des violences que l'on ne soupçonne pas et qui, là où elles n'ont pas abouti à la soumission des révoltés, poussent le pays vers la guerre, le fratricide ou le chaos. Antique politique de la terre brûlée pour ceux qui perdent les batailles. «Pourquoi les dictateurs sont aussi idiots ? Ne regardent-ils pas comme nous El Jazeera ? », s'est interrogé le chroniqueur. Et la réponse vint plus tard : chacun de ces 40 voleurs pensent, quand la vague l'atteint, qu'il sera plus malin que l'autre. Moubarak a pensé que Benali est parti trop tôt et n'a pas frappé assez fort. Le Roi du Bahreïn a pensé que Moubarak a commis une erreur en laissant les manifestants s'installer à la place Tahrir. Mohammed Salah du Yémen croit que Moubarak n'avait pas recruté assez de mercenaires à dos de chameaux et de Baltaguya. Kadhafi pense que Benali et Moubarak n'avaient pas tué vite et beaucoup au début des manifestations? et ainsi de suite. Chaque voleur des 40 voleurs succombe à l'illusion de se croire plus rusé que son prédécesseur sur la liste des culbutages. C'est la seule explication possible à cet autisme qui voit des pays comme le nôtre se croire exempt de l'histoire de la région et capable de survivre à la vague en distribuant menaces et semoule. Et c'est pourquoi les Révolutions vont devenir de plus en plus dures, les dictateurs de plus en plus difficiles à arracher et de plus en plus criminels et les martyrs de plus en plus nombreux dans le huis clos de notre époque. Hommage donc, cette fois-ci, aux Libyens de Bengazi et à ceux qui veulent se débarrasser du clown Kadhafi qui insulte, par son existence et ses loufoques discours, l'honneur d'un peuple voisin et frère qui a décolonisé dans la douleur pour vivre? dans la moquerie. |
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