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Hier
à Alger, les marcheurs venus au rendez-vous de la place de la Concorde, fixé
par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, se sont
heurtés au même dispositif répressif démesuré qui avait empêché leur marche du
12 février. Par contre et à leur grand étonnement, les animateurs de la CNCD à
Oran ont obtenu l'autorisation de réunir le même jour leurs troupes dans l'une
des salles de cinéma de la ville.
En réprimant à Alger et en tolérant à Oran, le pouvoir a voulu signifier qu'il campe sur la position définie par les autorités, à savoir liberté d'expression mais interdiction de marche dans la capitale. En fait, si les protestataires oranais ont pu se rassembler, ce n'est pas l'envie qui a manqué au pouvoir de les en empêcher. Sauf qu'ayant eu un satisfecit américain pour les décisions annoncées par le président Bouteflika et sa promesse que l'expression populaire ne sera pas interdite, sauf cas de marche dans la capitale, le pouvoir ne pouvait faire autrement que tolérer la démonstration d'Oran. Ce qui se passe dans le pays depuis le 12 février à l'initiative de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie n'a peut-être pas déstabilisé le pouvoir et encore moins créé une situation à la tunisienne où à l'égyptienne. Mais il ne fait aucun doute que s'il reste enfermé dans son obstination à ignorer les demandes et revendications de changements que lui délivrent la CNCD, mais aussi d'autres représentations de l'opinion publique et de la classe politique, il s'expose à devoir se confronter, à un moment ou à un autre pas lointain cependant, à un embrasement populaire, et ses réactions à cette occasion contrediront le satisfecit que lui a délivré Washington. Si le pouvoir entend faire jouer le temps pour venir à bout de la contestation entretenue par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, il fait un faux calcul. Car la détermination de celle-ci à la poursuivre se renforce au vu des insurrections populaires qui secouent le monde arabe, générées par l'onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne. Pour peu que le régime de Kadhafi subisse le sort de ceux de Ben Ali et Moubarak, comme cela semble inéluctable avec la révolte populaire qui vient d'éclater en Libye, les évènements se précipiteront inévitablement en Algérie. Il sera alors trop tard pour Bouteflika et le pouvoir, car ils ne pourront les maîtriser en lâchant alors les concessions qu'ils font miroiter maintenant par différents canaux de communication mais sans annonce officielle néanmoins. Le temps de ce fait ne travaille pas pour le pouvoir, car il lui est irrécusablement compté sous l'effet de l'accumulation de la colère populaire qu'attise son immobilisme et l'état dangereusement délétère dans lequel le pays est plongé. C'est un fait que depuis les émeutes du début janvier et le mouvement de contestation déclenché par la CNCD, l'Algérie offre l'image d'un pays au bord d'un grand et imprévisible basculement. Le silence assourdissant du chef de l'Etat n'est pas pour convaincre du contraire. |
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