Comme chaque année, le Mawlid Ennabaoui est
fêté avec faste et ferveur dans la wilaya de Blida où chaque famille se prépare
plusieurs jours à l'avance. Déjà l'avant-veille de la célébration du Mawlid, il
était très difficile de trouver un poulet sur les étals désespérément vides
malgré le prix assez élevé, compris entre 260 et 290 DA le kilo de poulet plein
car évidé il a coûté au moins 350 DA. De longues chaînes se voyaient devant les
bouchers et même les marchés de fruits et légumes étaient pris d'assaut, la
courgette étant la plus convoitée alors que son prix a plus que doublé en
l'espace de quelques jours. Un peu partout dans les quartiers, sur les
trottoirs, à l'entrée des marchés couverts, des jeunes ont installé des
baraques de fortune et les ont achalandées avec toutes sortes de pétards ?
pourtant interdits-, de bougies de toutes les formes et de toutes les couleurs,
de jeux pyrotechniques dont les prix varient entre 20 et 1500 DA l'unité. Une
large panoplie de pétards, allant du plus petit à 2 DA au plus gros dépassant
les 600 DA se voyaient sur les étals et beaucoup d'enfants mettaient toutes leurs
économies pour en acquérir. Des vendeurs occasionnels présentaient aussi de la
rechta qui a pris la place, depuis quelques années, du fameux Berkoukès (gros
plombs de semoule roulés à la maison) au prix quand même élevé de 100 à 120 DA
le kilogramme. Dès le début de l'après-midi les maîtresses de foyers entrent
dans leurs cuisines pour ne plus en sortir qu'une fois les plats mijotés avec
soins prêts à être servis pour toute la famille qui se réunit à l'occasion et
déguste, dans une ambiance festive, ces mets succulents. Une fois la table
débarrassée, chaque mère de famille allume sur le pas de la porte autant de
bougies que le nombre des membres de sa famille et les enfants les entourent en
chantant. Avant de se coucher, fort tard, c'est le tour du henné d'être apprêté
et mis dans les mains des filles, mais aussi de quelques garçons, qui vont le
montrer fièrement le lendemain. Mais, une fois la nuit tombée et jusqu'à une
heure très avancée, c'étaient les déflagrations, parfois très violentes, des
pétards et autres véritables bombes très dangereuses, qui se faisaient entendre
et sursauter plus d'un. Il n'était pas question de sortir dehors ou de marcher
sous les balcons car on est presque sûr de recevoir un pétard ou une fusée sur
la tête. Le matin venu, les femmes ne chôment pour autant et préparent la
Tamina dont les effluves sortent des fenêtres de toutes les maisons. Comme
c'est un jour férié, la grasse matinée est de rigueur, surtout que la veille a
été longue et, une fois levés, tout le monde mange la Tamina avant de reprendre
une vie normale. Un peu partout dans les villes, les rues sont jonchées de
restes de pétards éclatés, de fusées calcinées, de boîtes ayant contenu divers
objets pyrotechniques ainsi que des milliers de boîtes de bougies vides. C'est
un moment très particulier que vivent chaque année les Algériens, et tous les
musulmans à travers le monde, mais il reste toujours que l'usage des pétards
est inconsidéré chez nous, même si son entrée sur le territoire national
demeure interdite.