Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les pétards font des ravages: Des incendies, des blessés et une nuit blanche

par Houari Barti & A. El Abci

Les années se suivent et se ressemblent : et en dépit de son caractère incontestablement «illégal» et «dangereux», le commerce du pétard s'impose une fois encore comme un véritable business qui pèse plusieurs milliards échappant à tout contrôle de l'Etat.

Ainsi, l'utilisation de produits pyrotechniques a provoqué lundi, à la veille de la célébration du Mawlid Ennabaoui, des incendies dans des habitations dans plusieurs wilayas du pays, a-t-on appris hier auprès de la Protection civile.

A Oran, un incendie s'est déclaré à l'intérieur d'un appartement de type F5, situé au 3e étage d'un immeuble sis au boulevard Adda-Benaouda, causant des dégâts matériels. L'intervention rapide des agents de la Protection civile a permis de circonscrire l'incendie et d'éviter sa propagation vers les autres appartements de l'immeuble, a-t-on précisé. A Boufarik, dans la wilaya de Blida, les unités de la Protection civile ont pu maîtriser un incendie qui s'était déclaré dans une villa d'un étage située à la rue Ferroukhi Belkacem. Une chambre et une cuisine ont été cependant complètement brûlées par l'incendie. Un autre incendie s'est déclaré, cette fois-ci, à l'intérieur d'une braderie composée de 70 locaux, sise à la rue Ibn Khaldoun, affectant deux locaux.

Dans la wilaya de Laghouat, l'intervention rapide des unités de la Protection civile a permis de circonscrire un incendie qui s'était déclaré dans la chambre d'un appartement situé au troisième étage d'un immeuble sis à la cité 450 logements.

A Oum El-Bouaghi, l'utilisation de produits pyrotechniques a provoqué un incendie dans une habitation au centre-ville de la commune de Hanchir Toumghani, daïra de Aïn Kercha, faisant des dégâts matériels. A M'sila, un véhicule léger a été complètement endommagé par un incendie provoqué par l'utilisation de produits pyrotechniques au lieudit Ras El-Oud, dans la commune de Aïn Lahdjel, a indiqué la Protection civile.

 Cette année, beaucoup plus que les années précédentes, les petits vendeurs à l'étalage ont exercé leur commerce en toute quiétude. «Les affaires ont été particulièrement florissantes cette année », avoue, satisfait, un jeune vendeur de la rue de la Bastille.

 Il n'y a pas un quartier ou une cité à Oran où l'on ne trouve pas un point de vente, voire plusieurs sur la voie publique. La nuit du lundi au mardi a été particulièrement longue et bruyante pour les Oranais. Dans quasiment tous les quartiers de la ville, des batailles de pétards se sont poursuivies jusqu'au petit matin.

 A Constantine, où les habitants ont passé une nuit infernale, le service d'ophtalmologie du CHU a enregistré, juste pour la nuit d'avant-hier, 18 cas de personnes blessées aux yeux, dont trois dans un état grave ayant nécessité une hospitalisation, et ce suite à des accidents dus à l'explosion de pétards survenus dans la nuit de lundi à mardi. Selon le chef de service, «la liste demeure encore ouverte, puisque des accidentés continuent d'arriver pour des consultations. Et pour cette seule matinée du 15 février, nous avons réceptionné 20 personnes pour des soins légers, qui sont ensuite rentrées chez elles après un traitement d'urgence, munies d'ordonnances», fit-elle observer.

 «Concernant les trois personnes hospitalisées, il s'agit d'un jeune adulte de 16 ans, blessé à l'œil suite à la formation d'un caillot de sang dans la cornée, qui nécessite bien sûr un traitement plutôt lourd, mais sans intervention chirurgicale», précise-t-elle. Et de poursuivre: «concernant les deux autres cas, il s'agit d'un jeune de 16 ans et d'un adulte de 28 ans qui, du fait de la gravité de leurs blessures, doivent subir une opération assez lourde. Ils souffrent en effet d'éclats du globe oculaire».

 Toutes ces blessures sont survenues, selon les concernés, à la suite de jets de pétards au niveau de l'œil, ajoutera notre interlocutrice. Elle soulignera que son service a reçu également, toujours dans la même nuit du 14 février, six hommes et neuf enfants blessés aux yeux par des déflagrations de pétards, mais sans trop de gravité. Ils font partie de ce qui est appelé des cas «ambulatoires», dans le sens où ils ont été traités et mis pour une petite période en observation, et ensuite autorisés à rentrer chez eux.

Les services de pédiatrie avaient reçu en urgence une dizaine d'enfants victimes de déflagrations de pétards durant les trois jours précédents. Ces enfants sont âgés de cinq à dix ans, dont deux avaient été blessés grièvement au niveau de la main et qui ont nécessité une intervention chirurgicale. Les autres blessés ont été soignés et renvoyés chez eux.