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Sécurité sociale: 5,3 millions de cartes Chifa délivrées

par Oualid Ammar

Laborieusement, le système de sécurité sociale est en train de changer. Lentement, mais sûrement, la carte Chifa est délivrée pour toucher tout le monde d'ici 2012. Normalement. Les réformes engagées il y a une dizaine d'années deviennent perceptibles, c'est en tous cas la conviction de Djawad Bourkaïb directeur de la sécurité sociale au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, qui était hier l'invité de la chaîne 3 de la radio nationale.

 Beaucoup de projets stratégiques ont été lancés depuis quelques années, a souligné d'emblée M. Djawad Bourkaïb. Pour la carte Chifa, «nous en sommes à 5,3 millions de cartes, soit 18 millions de bénéficiaires», a-t-il indiqué. Quant au système du tiers payant, il s'est élargi depuis 2002, «nous étions à peine à 500.000 bénéficiaires, aujourd'hui nous en sommes à plus de 2,6 millions bénéficiaires y compris les retraités, les invalides et les malades chroniques». «Il y a le dispositif du médecin traitant qui est en train d'élargir le système tiers payant aux soins de santé autres que le médicament. Cela a été introduit pour la première fois dans le pays en 2009 et nous sommes actuellement à 24 wilayas concernées et environ 1.000 médecins conventionnés et plus de 85.000 retraités qui ont choisi leur médecin pour eux et leur famille», a indiqué le directeur de la sécurité sociale au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale.

Au port d'Alger

La carte d'assuré social Chifa devrait être généralisée d'ici 2012. Mais que d'attente ! Parfois même, quelle bureaucratie. Exemple. Services de la CNAS, bureaux du Port d'Alger. Les bureaux sont spacieux, agréables et la salle d'attente, disons avenante. Derrière son micro-ordinateur, une dame reçoit les dossiers que présentent des assurés. Vous présentez une convocation sur laquelle sont imprimés les documents nécessaires à la délivrance de cette précieuse carte. Vous présentez les documents en question. La dame vérifie, vous regarde en coin et vous dit : «Où sont les fiches de paie ?». Quelles fiches de paie, elles ne sont pas demandées dans la convocation ? Mais, monsieur, sans les trois dernières fiches de paie, votre dossier sera rejeté ! Et pourquoi ? La dame rétorque, sûr d'elle : monsieur qu'est-ce qui nous prouve que vous travaillez encore ? Avec ce type de tracasseries, la carte Chifa sera-t-elle vraiment généralisée d'ici 2012 ? Pas si sûr.

Ceci est peut-être un détail, mais qui a du sens car il révèle la manière dont est menée par endroits, depuis des années maintenant, cette grande opération. Cela dit, M. Bourkaïb a indiqué qu'en 2013 le tiers payant sera élargi à tous les assurés sociaux. Il a annoncé également que le dispositif relatif au tiers payant pour le transport sanitaire tiendra compte des évolutions par rapport à la tarification. Le tarif au kilomètre est actuellement de 15 dinars pour le véhicule sanitaire léger. Pour les jours fériés et le transport de nuit, la majoration est de 25%. Il a indiqué que 160 entreprises de transport sanitaire sont conventionnées avec la CNAS au niveau national, CNAS dont le budget s'élève à 270 milliards de dinars. «Tout transport conventionné avec la CNAS ne doit rien exiger du malade pris en charge à 100%. La sécurité sociale paye directement l'entreprise de transport. C'est la même chose pour les pharmaciens», a souligné par ailleurs M. Bourkaïb.

Un coût élevé

Le système du tiers payant, a souligné ce haut responsable, dispense les assurés du paiement des frais de soins de santé, du médicament, et il est un prolongement de la gratuité des soins assurés par les hôpitaux. Il a été introduit en 2002 pour le médicament, et puis pour le transport sanitaire, l'hémodialyse? Nous avançons à un rythme intéressant, a estimé M. Bourkaïb, et nous serons au rendez-vous en 2013 pour la généralisation du système du tiers payant. Le citoyen algérien se soignera aussi bien à l'hôpital que chez le privé gratuitement, et n'aura pas à avancer les frais de soins de santé. Tout ceci a un coût élevé.

Les dépenses de la santé de la sécurité sociale se sont chiffrées à 175 milliards de dinars en 2010. Le directeur central au ministère du Travail rassure. «En parallèle, il y a eu une stratégie pour assurer les équilibres financiers, il y a eu une réforme des instruments de recouvrement, du financement de la sécurité sociale et il y a eu toute une stratégie de maîtrise de la dépense».

Interrogé au sujet des «chirurgiens qui se feraient payer dans des hôpitaux publics», M. Bourkaïb a sèchement déclaré que c'est illégal. Si cela existe, a-t-il dit, cela passe en général dans l'informel, et c'est complètement illégal. Sa réponse a été similaire concernant «les détournements des malades du public vers le secteur privé». Tout à fait illégal. Sur un plan plus général et par rapport au secteur où il active depuis 20 ans, M. Bourkaïb affirme qu'il y a eu «des avancées décisives et des décisions stratégiques». Quelques exemples: le fonds national de réserve des retraites, financé par la fiscalité pétrolière (2006), la carte d'assuré social, l'élargissement du système du tiers payant, et le dispositif du médecin traitant pour lequel la moitié du pays est déjà couverte.