Quelque 300 manifestants ont pris part, hier, selon les estimations des
organisateurs, au rassemblement tenu à la Place du 1er Novembre 1954 (ex-Place
d'Armes) sur appel du bureau d'Oran de la «Coordination pour le changement
démocratique».
En dépit de son caractère pacifique, la manifestation, qui rappelle-t-on,
n'a pas reçu d'autorisation de la wilaya, a été marquée de plusieurs
interpellations dans les rangs des manifestants. Même des représentants de la
presse nationale et locale venus en grand nombre pour couvrir l'événement n'ont
pas échappé à l'intervention musclée des policiers qui se sont pris à un
journaliste qui a reçu plusieurs coups, avant d'être embarqué manu militari.
Celui-ci tentait de porter assistance à une femme, membre d'une association,
qui a été jetée à terre suite à la charge des policiers. Aucun chiffre officiel
sur le nombre exact des personnes interpelées n'a été communiqué. Mais selon
des sources proches des organisateurs, il serait au moins d'une cinquantaine.
Les personnes interpellées ont été conduites vers différents commissariats,
notamment ceux du 16ème et 8ème arrondissements, au centre-ville et vers le
7ème arrondissement de Sidi El Houari. Le siège de l'hôtel de ville, situé à la
Place du 1er Novembre, a également constitué un endroit où des jeunes
manifestants arrêtés par la police y ont été conduits. Le rassemblement a
commencé comme annoncé dès 11h du matin. Des vieux, des jeunes, des femmes et
des hommes, militants de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH),
syndicalistes autonomes, militants de partis, enseignants universitaires,
étudiants, artistes de la place d'Oran, ainsi que de simples sympathisants sans
couleur partisane particulière, ont répondu hier à l'appel de la CNCD d'Oran.
Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles étaient écrits :
«Rendez-nous notre pays», «Halte à la corruption !» ou encore «Non à la Hogra
!». Les participants scandaient également des slogans tels que «Djazaïer Horra
dimokratia» (Algérie libre et démocratique), «Barakat, barakat, melhogra barakat»
(Assez, assez, de hogra, assez !). Les services de sécurité qui avaient bouclé
tout le périmètre de la Place du 1er Novembre, dès les premières heures de la
journée, n'ont pas attendu trop longtemps pour entrer en action. Les policiers
ont, en effet, arraché de force des banderoles et déchiré des pancartes, en
dépit de la résistance des manifestants. Des discussions ont dès lors été
engagées entre des manifestants et des policiers. Les uns défendaient leur
droit de s'exprimer d'une manière pacifique, les autres réclamant leur
dispersion immédiate, vu que le rassemblement n'a pas été autorisé et étant de
ce fait, illégal. Constatant la résistance des manifestants, les policiers ont
décidé de passer à la vitesse supérieure, commençant par interpeller ceux
qu'ils estimaient être les meneurs, puis chargeant le reste des manifestants.
Les manifestants ont fini par se disperser aux environs de 12h 30. Dans
l'après-midi, les forces de l'ordre ont commencé à relâcher les manifestants
interpellés.