« Nous sommes
capables de fermer la rue dès demain, et ce n'est pas l'envie qui nous manque,
mais nous ne le ferons pas. Nous nous plaignons de l'anarchie actuelle et nous
pensons que ce n'est pas la solution que de la grossir davantage par notre
geste». Ce sont là, les propos tenus par des commerçants légaux de la rue de
France, qui traduisent globalement l'esprit de leurs confrères de la même rue,
réunis en assemblée générale, hier mercredi, au siège de l'Union des
commerçants UGCAA de Constantine. Ils sont venus aux nouvelles, suite aux démarches
faites par l'union, auprès des autorités locales. Dans sa courte intervention,
le coordinateur du bureau de l'UGCAA, Sadek Boudjellal, «toutes vos
préoccupations de commerçants légaux, payant les impôts et les taxes, mais
empêchés d'activer du fait d'une concurrence des plus déloyales des marchands
informels et de la pagaille sans nom, créée par eux, ont été récemment portées
à la connaissance du wali». Et d'indiquer que «nous avons insisté
particulièrement sur le fait, que certains sont carrément poussés à la faillite
et ne manqueront pas d'être ruinés, au cas où une solution ne sera dégagée dans
les délais les plus proches». «Cependant, dira-t-il, nous ne nous sommes pas
contentés de faire état de ces préoccupations, nous avons aussi et surtout avancé
des propositions concernant en premier lieu une exonération des impôts pour une
année, ainsi que de sites à aménager en marchés pour recaser ces jeunes
marchands informels». Ainsi il a été proposé l'ouverture du «Globe», situé rue
Didouche Mourad, ainsi que des locaux de la Sonitex, près du marché du
«Polygone», de même que ceux de Districh à Bab El Kantara, transformer la
station de taxis de la rue Tatache en marché, les «Esses» à la rue Aouati
Mostefa et 05 ou 06 autres endroits encore, susceptibles de constituer une
solution raisonnable. Lors du débat, les commerçants en ont profité pour vider
leur sac. Ainsi selon un intervenant, «les marchands informels dont on parle,
sont originaires pour 20 % de la rue, alors que les 80% viennent de Ain S'mara,
d'El Khroub ou d'ailleurs. Sinon, comment expliquer le fait que des camions
débarquent des tonnes de marchandises le matin et les enlèvent le soir». Un
autre le relaye, en confortant ses dires et de conseiller aux autorités «de
bien faire attention, ces marchands, affirme-t-il, ne sont pas tous des
chômeurs». D'autres encore, ont exprimé leur désarroi avouant être dépassés par
les événements, mais exigeant des autorités de trouver une solution, les choses
ne peuvent pas continuer ainsi. Parce que, disent-ils, «nous avons l'impression
que l'on se fout de ce qui nous arrive. On nous fait patienter, mais jusqu'à
quand ? Alors que nous ne travaillons pratiquement pas, les brigades de
contrôle n'arrêtent pas de nous harceler», lancent-ils avec colère. Le
coordinateur en reprenant la parole, s'est voulu rassurant en soulignant
l'écoute dont a fait preuve le wali lors de la réunion, et qui s'est montré
très sensible à la situation difficile des concernés, et ouvert aux
propositions avancées par l'union. Mais il avait beaucoup de peine à tempérer
les ardeurs de commerçants, qui eux-mêmes avaient autant de peine à croire
encore en de simples promesses, disent-ils. Et la tension a commencé à baisser,
seulement lorsqu'un responsable du bureau à déclaré que «l'UGCAA ne s'arrêtera
pas à ces propositions mais compte saisir qui de droit et agir pour demander la
suspension du contrôle jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée ainsi que
l'exonération des impôts pour une année, de tous les commerçants et surtout de
ceux qui ont le plus souffert.