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Elu à la tête de la Chambre nationale des traducteurs interprètes officiels,
Maître Elkebbiche Mohamed Benlarbi est lui-même traducteur interprète depuis
l'aube de l'indépendance. Il est également membre actif de la Société française
des traducteurs, de l'Association suisse des traducteurs, terminologues et
traducteurs (ASTTI), de la Fédération internationale des traducteurs et
adhérent à l'Association internationale des traducteurs d'arabe. Nous l'avons
entretenu sur la profession de traducteur interprète officiel, son rôle et ses
missions à la lumière du nouveau code des procédures civile et administrative
promulgué dernièrement. Alors est-il vrai que traduire, c'est un peu trahir ?
Ici réponse d'un maître incontesté des sciences de la traduction et de
l'interprétation.
Le Quotidien d'Oran: Alors Maître, est-il vrai que traduire, c'est un peu trahir ? Me Elkebbiche Med: Même si à mes yeux, ce postulat relève plus de la légende que de la réalité des faits, aujourd'hui, traduire, c'est parler toutes les langues du monde entier en même temps, ce qui n'est pas une mince affaire. Q.O.: Dites-nous qu'est-ce qu'un traducteur interprète officiel ? E.M.: Le traducteur interprète officiel a la qualité d'officier public. Il est nommé à son office par un arrêté du ministre de la Justice. Il est tenu de porter la robe lors des audiences judiciaires. Il couvre, dans le cadre de ses compétences et attributions, la traduction et l'interprétation dans tous les congrès, conférences, séminaires et autres symposiums. Il est attributaire du sceau de la République dont l'empreinte doit figurer dans tous les documents traduits. Quiconque ne remplit pas les conditions précitées ne peut exercer cette profession réglementée par la loi. Q.O.: Quelle est la nature des actes soumis à la traduction ? E.M.: Selon les textes en vigueur et notamment les dispositions du code des procédures civile et administrative, tout document rédigé en langue étrangère et soumis à la justice doit être traduit en langue nationale sous peine d'irrecevabilité. Il faut surtout savoir que tout document traduit et non revêtu de l'empreinte du sceau officiel du traducteur est nul et de nul effet. Aussi, nul acte n'est jugé recevable par les notaires ou autres officiers publics lorsque les parties ou témoins ne s'expriment qu'en langue étrangère. Ils doivent être obligatoirement assistés par un traducteur interprète officiel dont le nom est d'ailleurs cité dans l'acte établi comme témoin additionnel. Q.O.: Quelles sont les institutions organiques de la profession de traducteur interprète officiel ? E.M.: Il est institué un Conseil supérieur des traducteurs interprètes officiels chargé de l'examen de toutes questions d'ordre général ou statutaire relatives à la profession. Il est également institué une Chambre nationale et des Chambres régionales, chargées d'établir des règles d'exercice de la profession et de mettre en œuvre toute action visant à garantir le respect des règles et usages de la profession. Le traducteur est un professionnel qui restitue fidèlement dans une langue donnée le sens d'un document, qu'il soit juridique, scientifique, administratif, technique, littéraire ou même religieux, rédigé dans une autre langue. Il y énonce, dans ses moindres subtilités, selon les spécificités et particularismes linguaux, le message véhiculé par le texte, manuscrit ou imprimé qu'il devra décoder et déchiffrer. Dans une traduction officielle, la concision est la première qualité dans le labeur du traducteur professionnel. Q.O.: Quelles sont les devoirs, droits et obligations du traducteur interprète officiel ? E.M.: Avant d'entrer en fonction, le traducteur interprète officiel doit prêter serment devant la cour territorialement compétente. Il est tenu au secret professionnel. Il doit également s'interdire de communiquer, publier ou divulguer toute traduction effectuée par ses soins, sauf dans les cas prévus par les lois et règlements en vigueur. Q.O.: Quelle est l'utilité de la traduction et de l'interprétation ? E.M.: Je vous dirais tout simplement que la Déclaration universelle des droits de l'homme et le Manifeste de la déclaration de Nairobi adopté par l'UNESCO en 1976 reconnaissent le droit à la traduction et à l'interprétation à toute personne humaine quels que soient son pays d'origine, sa race, sa nationalité ou sa religion. Q.O.: Qu'est-ce qu'un interprète et quelle est sa fonction ? E.M.: La profession d'interprète est, quant à elle, différente de celle du traducteur puisque l'interprète effectue, dans le cadre de ses compétences et de ses attributions, des tâches courantes d'interprétariat lors de procès judiciaires impliquant des personnes étrangères, des conférences, congrès, colloques, séminaires ou délégations officielles étrangères. L'interprète est un spécialiste de la communication orale qui maîtrise parfaitement le maniement des langues étrangères. Une mémoire infaillible et une articulation phonatoire parfaites sont néanmoins deux qualités exigées chez l'interprète professionnel. Q.O.: Quel est le coût moyen d'un acte traduit ? E.M.: Les honoraires d'un traducteur interprète sont fixés par décret et calculés selon la nature du document, le nombre de mots, le temps pris par la traduction et la difficulté du texte à traduire. Q.O.: Qu'appelle-t-on une exequatur dans votre profession ? E.M.: La traduction pour « exequatur » est exigée en Algérie pour tout acte, document d'état civil, décision ou arrêt officiels rendus par une juridiction étrangère ; sous peine d'irrecevabilité par les tribunaux nationaux. Q.O.: Quel est votre mot de la fin ? E.M.: Mon mot de la fin est celui de voir l'Université algérienne accorder plus d'importance à la formation des traducteurs interprètes. Le monde devient un village planétaire avec les défis majeurs qui vont avec, d'où la nécessité d'accorder une priorité absolue à la maîtrise des langues étrangères, la traduction restant en tous temps et en tous lieux la langue universelle de demain. |
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