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La vice-présidente du Conseil de la nation, Zohra Drif Bitat, a qualifié
hier les récentes mesures prises par le président Bouteflika d'«importantes». Mme
Drif est l'épouse du défunt Rabah Bitat, un des neuf chefs historiques de la
révolution algérienne, ancien président du Parlement. S'exprimant hier sur les
ondes de la radio de la Chaîne 3, elle a affirmé que «le chef de l'Etat a
écouté les jeunes ». Mme Drif a notamment salué l'annonce de la levée de l'état
d'urgence, une mesure jugée «capitale et historique». «C'est la première fois
dans un pays arabe qu'un chef d'Etat répond aux aspirations du peuple»,
dit-elle. Et de considérer que «l'état d'urgence a restreint les libertés et a
eu un impact négatif sur la société civile et sur le champ politique». Evoquant les mesures prises par le chef de l'Etat, Mme Drif a
toutefois émis une interrogation: «Je ne juge pas, je m'interroge simplement:
Comment peut-on réussir avec les mêmes acteurs ayant eu à prendre en charge
l'exécution des précédents programmes ? Allons-nous continuer avec les mêmes
acteurs ?».
Mme Drif a appelé à engager un grand débat national sur les voies et les moyens permettant de trouver des solutions aux aspirations des jeunes. Un débat qui doit être organisé à l'occasion de la célébration, l'an prochain, du cinquantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. «Nous devons nous pencher sur ce que cinquante ans de souveraineté et de liberté ont apporté au peuple. Il faut établir un bilan dans la transparence et la franchise», a-t-elle plaidé. «Nous devons mettre tout à plat, voir d'où nous sommes partis, où nous sommes arrivés, où l'on pouvait faire mieux et où l'on a mal fait. Tous les acteurs doivent discuter franchement. Ce débat doit se faire entre Algériens, loin de toute influence extérieure», a-t-elle expliqué. Elle considère qu'«une attention particulière doit être accordée aux jeunes qui constituent 70 % de la population». «Il faut, dit-elle, essayer de comprendre pourquoi les harraga prennent un grand risque en se jetant à la mer». «Que cherchent-ils? Et que veulent-ils exprimer ?», s'est-elle interrogée. Invitée à donner son avis sur la qualité de l'enseignement en Algérie, Mme Drif a appelé à un débat sur ce secteur. «Les formations dispensées par nos établissements sont-elles d'une qualité comparable à celles en vigueur à l'étranger? », s'est-elle encore interrogée. Au sujet de la crise du logement en Algérie, la vice-présidente du Sénat a qualifié d'«inexplicable» le fait que beaucoup de ménages ont des difficultés à accéder au logement, alors que plusieurs programmes de construction ont été engagés ces dernières années et que de grands budgets ont été consacrés par l'Etat pour financer ces projets. Elle appellera à méditer ces dysfonctionnements, tout en exhortant le gouvernement à mettre un terme à la politique du chiffre. «On nous donne des chiffres, on nous dit que tant de choses ont été réalisées, il y a des milliards de dinars qui ont été engagés dans tel domaine? Mais il y a une disproportion entre la réalité et les résultats du terrain et ce qui est engagé comme argent», a regretté Zohra Drif. Pour elle, il est urgent de chercher les causes de cette dichotomie entre l'effort de l'Etat et les résultats obtenus. «La cause est-elle liée à un dysfonctionnement des institutions ? A-t-on mal conçu les programmes ? Le système éducatif et la formation sont-ils pour quelque chose ?», s'interroge-t-elle. Elle plaidera: «Nos gouvernants doivent lancer un débat sur les causes des difficultés. Il faut d'abord identifier ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas». Enfin, Mme Drif a salué la mesure consacrant la dépénalisation de l'acte de gestion, «une mesure qui permettra, dit-elle, de libérer les énergies et les initiatives et inciter les cadres à donner le meilleur d'eux-mêmes». |
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