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Des grossistes se sont dits satisfaits de
la nouvelle suspension de l'obligation du chèque dans les transactions de plus
de 500 000 dinars. Ils refusent d'admettre qu'ils ont joué «exprès» contre une
mesure qui leur aurait fait «perdre de l'argent». Ils ne sont pas hostiles à la
transparence. Et disent qu'il faut plus de temps. L'échéance du 31 mars 2011
n'était pas réaliste pour eux.
La mesure du Conseil des ministres du 03 février dernier par laquelle le gouvernement renonce à rendre obligatoire le chèque dans les transactions de plus de 500 000 dinars «est une bonne décision» pour Djalil, dépositaire en boissons à l'ouest d'Alger. «Je n'étais pas prêt pour le chèque obligatoire. L'usine que me fournit me donne des factures d'achat, mais la plupart de mes clients travaillent sans factures. J'accepte donc du cash ou alors je ne vends plus». Pour Farid, distributeur de farine et de semoule en Oranie, «les commerçants ont peur de la banque. Ils ne veulent pas y aller parce qu'ils pensent que les impôts vont leur appliquer des taxes qui vont les ruiner. Moi j'étais prêt à passer à l'obligation du chèque. Mais les grossistes que j'approvisionne dans la wilaya de Sidi Bel Abbes me disaient pour la plupart qu'ils n'allaient pas se conformer à cette obligation». L'idée qui s'est propagée selon laquelle les grossistes ont saboté les mesures du gouvernement qui souhaitait réduire la part de l'informel dans les circuits du commerce n'est pour autant pas confirmée par Farid. «Le commerce est tombé au début de l'année. C'est vrai. Mais personne n'a décidé cela. Des détaillants ou des grossistes se sont mis à éviter les distributeurs qui leur demandaient de vrais registres de commerce et non des prête-noms. Le temps de trouver d'autres distributeurs prêts à travailler au noir, le marché s'est désorganisé alors que la farine était disponible chez les meuniers». La banque, une perte de temps Pour Djalil, le prix de vente de ses produits (boissons) augmenterait de 25% s'il devait jouer la transparence sur toutes ces ventes. De même dans la farine, le prix imposé par l'Etat de 565 dinars le sac de 25 kg n'est pas rémunérateur «si les grossistes qui ont de petites marges, devaient payer toutes les taxes, ils vendraient à perte » explique Farid. A Sidi Bel Abbes durant les semaines dernières, seules les livraisons en dehors de la ville se faisaient avec factures par craintes des contrôles de gendarmerie. Mais tout le monde n'évite pas la banque uniquement à cause des impôts. Pour Farid «la banque est une perte de temps. Les transferts sont trop lents. Si je dois déposer un chèque à ma banque, je perds une demi-journée parce que je dois repasser à l'usine avec un reçu de dépôt pour solder ma livraison. C'est plus rapide si je vais avec du liquide chez mon fournisseur» explique le distributeur de farine et semoule. Pour Djalil, le recours au chèque obligatoire prendra du temps : «Il faut déjà apprendre aux commerçants à ne pas avoir peur des impôts. Il faut organiser des journées portes-ouvertes pour les sensibiliser. Tout le monde peut gagner en travaillant dans la transparence, mais ce n'est pas possible tout de suite». |
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