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La question de la fiabilité des statistiques économiques s'est posée, ces
dernières années, de façon récurrente.
Plusieurs économistes et des hommes politiques ont émis des doutes lorsqu'ils n'ont pas carrément affirmé que ces statistiques soient manipulées. Le secrétaire d'Etat à la statistique, M.Ali Boukrami souligne aujourd'hui l'indépendance de l'Office national des statistiques (ONS). Il semble que cette institution publique a longtemps travaillé avec des moyens limités ce qui ne pouvait déboucher que sur des résultats limités. Cela donnait une photographie déformée de la situation économique. La marge d'erreur généralement admise ne doit pas dépasser les 10% mais des économistes et experts ont pu constater à l'usage que ce taux était « un peu trop souvent » plus élevé. D'autres experts estiment qu'il ne s'agit pas vraiment d'une question de moyen mais d'orientation politique du travail de statisticien, faisant allusion au temps du dirigisme économique. En ce temps-là, on pouvait faire dire aux chiffres ce qu'ils ne disaient pas. Le libéralisme économique permet-il ce type de manipulation ? La fiabilité de l'outil En tout cas, il y a quelques années, la Banque mondiale affirmait que «l'Algérie n'a pas d'outil statistique fiable pour gérer son économie». Les acteurs directs de la sphère économique locale se repliaient d'ailleurs sur les données qu'établissaient le Conseil national économique et social lorsque cette institution était dirigée par feu Mohamed Salah Mentouri. Il est de notoriété publique que les données collectées, selon les normes, peuvent très bien ne pas être diffusées. Outre la rétention de ces informations, celles-ci peuvent être également «corrigées» parce que «l'impératif politique» l'exige, pour que tel ou tel bilan puisse être acceptable. Implicitement, M. Boukrami, secrétaire d'Etat à la statistique, laisse entendre qu'il n'y a rien de cela. Tout en sachant qu'il ne s'agit pas d'une question de personnes, on sait que l'ONS est sous tutelle gouvernementale. L'Office national des statistiques (ONS) est une institution publique indépendante, qui ?'n'accepte pas d'être manipulée'', a affirmé hier Ali Boukrami, soulignant que les chiffres produits par l'Office, notamment ceux relatifs à l'inflation et l'emploi, sont élaborés suivant des méthodes universellement admises. L'ONS «est par définition une institution indépendante de service public, ses cadres ont une très haute dignité et n'acceptent pas d'être manipulés ou influencés», a-t-il souligné, dans un entretien à l'agence APS, en réponse à une question sur la fiabilité des chiffres de l'ONS. M.Boukrami, qui a par ailleurs longtemps enseigné à l'université d'Alger, a précisé que la polémique que suscite la publication des chiffres de l'inflation par exemple trouve sa source dans «la différence qu'il y a lieu de faire entre la mesure et la perception des phénomènes». Certains observateurs et même consommateurs qui estiment que la hausse des prix est plus importante que les taux d'inflation annoncés par l'ONS, fondent leur jugement sur ces niveaux élevés des prix de ces produits et non pas sur leur variation, relève M.Boukrami . Le problème qui se pose en Algérie, c'est le cumul de cette hausse ressentie par les consommateurs, notamment les couches les plus vulnérables, poursuit M. Boukrami, qui s'est dit «en accord» avec ce constat, selon lequel, les prix de certains produits sont élevés. Selon lui, le renchérissement du prix de plusieurs produits de base trouve, en partie, son origine dans le manque de productivité, et aggravé par ce qu'on appelle «l'inflation importée», qui répercute sur le marché national la hausse des prix sur les marchés internationaux. Des enquêtes statistiques en cours Cela dit, le gouvernement «milite fortement pour l'indépendance de l'ONS», affirme M. Boukrami qui ajoute que «l'IPC (Indice des prix à la production) utilisé par l'Office est un indicateur universellement utilisé dont la méthodologie d'estimation est définie et validée par les organismes internationaux des statistiques». L'Algérie lancera une série d'enquêtes à partir de cette année afin de «fiabiliser et actualiser les données socio-économiques» du pays, a annoncé par ailleurs M. Ali Boukrami, secrétaire d'Etat chargé de la statistique. Le coût total pour la réalisation de ces enquêtes, dont la plupart sera réalisée par l'Office national des statistiques (ONS), s'élèvera à 2,4 milliards de DA, dont plus de 1,13 milliard de DA consacré au recensement économique, a indiqué M. Boukrami. Outre le recensement économique, ces opérations concernent les dépenses et la consommation des ménages, le recensement général agricole (RGA), l'enquête annuelle chômage et emploi, et le calcul de l'indice du développement humain. Le recensement économique, déjà entamé en 2010, a souligné le secrétaire d'Etat, «aidera à actualiser les données sur l'économie algérienne à travers la mise en place de fichiers et de répertoires devant faciliter l'interconnexion des bases de données, et partant permettre aux décideurs d'y adopter les politiques économiques adéquates». |
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