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Des dizaines de
milliers de partisans de l'opposition ont manifesté jeudi à Sanaa pour réclamer
un changement de régime, après des concessions annoncées sous la pression de la
rue par le président Ali Abdallah Saleh, un allié clé de Washington dans sa
lutte contre Al-Qaïda. A Washington, le président Barack Obama a salué les
réformes au Yémen tout en appelant le régime à la retenue vis-à-vis de la
contestation, traduisant la prudence des Etats-Unis face à une situation qui,
comme en Egypte, pourrait à terme les mettre en porte-à-faux. «Nous
poursuivrons notre lutte pacifique jusqu'à la chute de ce régime injuste», ont
clamé des orateurs du Forum commun, une alliance de l'opposition parlementaire
yéménite, s'adressant à une foule estimée par les organisateurs à 100.000
personnes.
Il s'agit du plus grand rassemblement jamais connu contre le régime de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Il s'est déroulé sans heurts. Les manifestants étaient encadrés par un service d'ordre, alors qu'un hélicoptère survolait le secteur. Simultanément, une contre-manifestation a été organisée par le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), sur la place Tahrir (Libération), où l'opposition avait prévu de manifester, contraignant les protestataires à changer le lieu de leur rassemblement. Les organisateurs de cette contre-manifestation ont clamé eux aussi avoir réuni près de 100.000 personnes. Le CPG tente de reprendre l'initiative, après la décision mercredi de M. Saleh de ne pas briguer de nouveau mandat à l'expiration du sien en 2013, de ne pas transmettre le pouvoir à son fils et de relancer l'appel au dialogue avec l'opposition. M. Saleh a invité l'opposition à annuler les manifestations et à reprendre le dialogue pour un gouvernement d'union. Mais l'opposition, inspirée par la révolte en Tunisie et le mouvement de contestation en Egypte, a maintenu son mot d'ordre pour la manifestation. «Notre rassemblement est un acte de lutte pacifique», a déclaré Najib Ghanem, un député du parti islamiste Al-Islah, membre du Forum commun. Galvanisant une foule compacte rassemblée sur trois avenues près de l'université de Sanaa, M. Ghanem a ajouté: «nous nous sommes réunis pour faire tomber un régime corrompu et tyrannique». «La révolte pour la justice a commencé en Tunisie. Elle se poursuit aujourd'hui en Egypte, et demain le Yémen sera débarrassé de l'injustice», a-t-il poursuivi. «Que Dieu aide le peuple égyptien face au tyran Hosni Moubarak», répétaient en choeur les manifestants. «Non à un régime héréditaire, non à une prolongation du mandat» de M. Saleh, clamaient sur une banderole les contestataires, qui se sont ensuite dispersés dans le calme. Sur la place Tahrir, les partisans du parti au pouvoir ont scandé des slogans de soutien au président et hostiles à l'opposition: «Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour le Yémen», répétaient-ils, brandissant des banderoles proclamant: «Non aux destructions, non à la sédition». La place Tahrir accueille habituellement les contestataires à Sanaa, tout comme la place du Caire qui porte le même nom, transformée mercredi en champ de bataille entre opposants et partisans de M. Moubarak. Mais au Yémen, aucun incident n'a été signalé durant les deux manifestations, qui ont pris fin en début d'après-midi, à l'heure de la séance du qat, une feuille à l'effet euphorisant dont la consommation rythme le quotidien des Yéménites. Des manifestations à l'appel de l'opposition se sont également déroulées dans plusieurs autres villes, notamment à Aden, Taëz et Ibb. |
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