La consternation se lisait, hier, sur les visages des parents, proches et
amis des trois malheureux pêcheurs disparus en mer depuis trois jours. Ils
étaient sortis en mer lundi dernier aux environs de 13 heures pour tenter de
ramener leurs filets, jetés quelques heures plus tôt au large de la plage de St
Germain. Cette plage, qui est également lieu de résidence de l'un des disparus,
R.N., âgé d'à peine 19 ans. Il y demeure dans un garage avec sa mère et son
petit frère. Ce dernier très chagriné a tenté de mettre fin à ses jours jeudi
soir en ingurgitant des médicaments. Il a été évacué vers les services des
urgences de l'hôpital de Aïn El Turck où il a reçu les soins nécessaires. Il a
pu regagner son domicile hier après avoir été soumis à une observation médicale
d'une durée de 24 heures. Hormis l'une d'elles qui garde encore l'espoir, les
familles des deux autres disparus ont organisé hier des funérailles après avoir
accompli la prière de l'absent. Presque tous les pêcheurs de la commune de Aïn
El Turck ratissent depuis ces deux derniers jours la zone et les alentours
immédiats où a été retrouvée l'embarcation des disparus. Plus d'une
demi-douzaine d'embarcations sillonnaient, hier, une partie du littoral Ouest
pour tenter de retrouver les corps. Les garde-côtes et les plongeurs de la
protection civile poursuivaient en parallèle leurs recherches. Selon des
recoupements d'informations recueillies auprès de leurs proches, les trois
malheureux pêcheurs, R.N., 19 ans, B.R., 28 ans, et H.S. 26 ans, travaillaient
pour le compte du propriétaire de l'embarcation, Z.R., qui a été auditionné à
ce sujet, jeudi, par les enquêteurs de la police relevant de la sûreté de daïra
de Aïn El Turck. Ils auraient décidé de sortir en mer pour faire remonter les
filets et ce, malgré la forte houle qui prévalait. Les bottes qu'ils portaient
et l'absence de gilets et de bouées de sauvetage leur auraient été fatales
lorsqu'une vague a fait chavirer leur embarcation à environ 500 mètres du
rivage de la localité côtière de St Germain. L'inquiétude a gagné leurs proches
à la tombée de la nuit. « Un peu plus de deux heures sont nécessaires pour
faire remonter les filets. En fin d'après-midi, lorsqu'ils ne se sont pas
manifestés nous avons donné l'alerte. Nous savions d'avance ce qu'il a pu leur
arriver » a fait remarquer un quinquagénaire, pêcheur de son état qui est un
habitué de cette plage. Il scrutait mélancoliquement l'horizon tout en hochant
de la tête. «Ils auraient dû suivre nos conseils. La houle et les mauvaises
conditions météorologiques ne permettaient pas une sortie en mer» a-t-il
renchéri. Notons qu'un grand élan de solidarité s'est manifesté chez les
voisins et les amis des disparus pour venir en aide à leurs familles, dont deux
vivent au seuil de la pauvreté.