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La situation est devenue explosive en Egypte, où ni le couvre-feu, ni les
menaces du régime n'ont calmé les manifestants, qui veulent acculer le
président Moubarak dans ses derniers retranchements, alors que tous les
services publics, dont les trains, sont à l'arrêt. Ce mardi sera un jour test
pour les anti-Moubarak.
L'annonce du nouveau gouvernement ne semble pas avoir calmé la rue égyptienne, qui demande toujours le départ du président Moubarak. Le ministre de l'Intérieur Habib El-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, a été remplacé par un général, Mahmoud Wagdi. Le nouveau gouvernement ne comprend plus aucune personnalité du milieu des affaires, dont Gamal Moubarak fils du président est considéré comme proche. Le président Moubarak avait chargé son nouveau Premier ministre Ahmad Chafic de promouvoir la démocratie par le dialogue avec l'opposition, après un appel du président américain Barack Obama, à une «transition vers un gouvernement répondant aux aspirations» des Egyptiens. Hier, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé M. Moubarak à engager «immédiatement» un «dialogue sérieux avec les partis d'opposition». Mais le pays était presque paralysé après un appel à la grève générale. Selon des images de TV, c'est presque le pays entier qui serait entré en guerre contre le régime de Moubarak, dont le changement de gouvernement n'a fait qu'attiser la colère des manifestants, qui avaient bravé le couvre-feu, dorénavant de 15h à 8h le lendemain. Mais, c'est l'appel à la marche «d'un million» de personnes, ce mardi à Alexandrie et au Caire, selon les partisans d'El Baradei pour faire pression sur le régime, qui retient l'attention. Même si Internet est toujours bloqué, le «bouche à oreille» fonctionne, et tout semble aller vers une marche imposante, mardi, de plusieurs millions de manifestants pour réclamer le départ de Moubarak et son régime militaire. La place Tahrir, bastille du Caire La place Tahrir (place de la Libération), épicentre de la contestation dans le centre du Caire, n'a pas désempli. Les manifestants comptent sur le «bouche à oreille» pour diffuser leur appel, Internet restant bloqué et le service de messagerie mobile perturbé. Certains manifestants y ont passé la nuit malgré le couvre-feu en vigueur dans la capitale, à Suez et à Alexandrie de 15h à 08h. Six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été brièvement arrêtés hier au Caire, et leur caméra confisquée. La chaîne satellitaire a été interdite en Egypte après avoir accordé une large couverture aux manifestations anti-gouvernementales. Au septième jour de mobilisation, le pays est en partie paralysé. Les banques et la Bourse sont fermées pour une deuxième journée consécutive et la place du Caire sera de nouveau fermée ce mardi, selon la télévision publique. L'agence de notation «Moody's» a dégradé hier d'un cran la note de l'Egypte, et envisagé de l'abaisser encore à moyen terme. La plupart des distributeurs de billets sont vides. De nombreux voyagistes ont suspendu, par ailleurs, les départs des vacanciers, au plus fort de la saison touristique. Plusieurs entreprises internationales, dont la banque Crédit Agricole, la compagnie pétrolière russe Loukoïl, le producteur de gaz Novatek ou encore le groupe énergétique allemand RWE, ont décidé d'évacuer les familles et tout ou partie de leur personnel expatrié. Les cimentiers français Lafarge et italien Italcementi, le géant maritime et pétrolier danois A.P. Moeller-Maersk et le constructeur automobile Nissan ont suspendu leurs activités. Israël, inquiet de préserver ses liens avec l'Egypte, seul pays arabe avec la Jordanie à avoir signé un traité de paix avec l'Etat hébreu, a demandé dans un message secret aux Etats-Unis et à des pays européens de soutenir le régime égyptien, rapporte lundi le quotidien Haaretz. Les départs d'étrangers s'organisent Par ailleurs, et face à l'incertitude de la situation en Egypte, plusieurs gouvernements ont commencé, hier, à organiser le départ de leurs ressortissants au sixième jour des manifestations contre le pouvoir en place. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont mis en place des départs «sur une base volontaire» à bord de vols commerciaux et éventuellement de vols spéciaux, payants, indique l'ambassade de France au Caire, qui souligne qu'»il n'est pas question d'évacuation à cette heure». Janice Jacobs, sous-secrétaire d'Etat américaine aux Affaires consulaires, a précisé qu'un premier vol affrété par le gouvernement américain avait quitté l'Egypte, hier avec 42 Américains à bord. Au total, a-t-elle dit, 2.400 ressortissants ont demandé à quitter le pays, sur les plus de 52.000 Américains enregistrés à l'ambassade du Caire. Janice Jacobs s'attend à d'autres demandes. La plupart de ces passagers seront transférés vers des «lieux sûrs en Europe». Le département d'Etat a également autorisé le départ des diplomates et du personnel non essentiel de son ambassade. La Turquie et Chypre ont pris des dispositions afin d'accueillir des touristes qui seraient évacués d'Egypte et accélérer leur transfert vers leurs destinations d'origine. A l'aéroport international du Caire, c'est la grande pagaille. Des témoins ont fait état de scènes chaotiques à l'aéroport, de nombreux passagers, Egyptiens compris, cherchant à monter dans des avions en nombre réduit. Le ministère français des Affaires étrangères souligne que «l'absence de personnel au sol (...), le couvre-feu et les difficultés informatiques engorgent l'aéroport et entravent, de manière significative, son bon fonctionnement». Plusieurs pays dont la France, l'Italie, le Japon, la Turquie et l'Allemagne ont annoncé qu'ils organisent le départ d'Egypte de leurs ressortissants. |
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