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Abderezak Mokri: Le changement via les «cybers»

par Oualid Ammar

M. Mokri Abderezak, n° 2 du Mouvement de la société pour la paix (MSP), invité de l'émission politique hebdomadaire de la Chaîne 3 de la radio nationale, a évoqué la situation en Algérie, les émeutes, les rumeurs de remaniement, ainsi que les contestations populaires en Tunisie et en Egypte notamment.

Au sujet des mouvements populaires en Tunisie, au Yémen et en Egypte, M. Mokri a estimé: «nous sommes en train de vivre un moment historique dans le monde arabe parce qu'il s'agit là véritablement d'un réveil du monde arabe qui est guidé par les jeunes. Ce sont des jeunes qui prennent l'initiative, des jeunes qui ont été frustrés durant des années».

«D'ailleurs tout le monde connaît les défaillances des régimes arabes et maintenant il est mis en exergue par les jeunes, c'est des jeunes frustrés qui après beaucoup d'années d'études se retrouvent sans emplois, d'autres jeunes aussi sont des illettrés, sans emplois, se retrouvent en marge de la société dans le monde arabe, en général», a relevé le dirigeant du MSP. Pour lui, «c'est des jeunes qui sont branchés, connectés, c'est des gens qui sont très informés, qui ont trouvé cet espace libre de la communication qu'est internet, et c'est des gens qui se sont sentis humiliés par la perte de la souveraineté dans le monde arabe, c'est-à-dire par cette attitude de compromission des Etats arabes et du joug de la tyrannie de l'Etat sioniste», juge M. Mokri.

L'Occident contre la démocratie dans le monde arabe

Pour lui, cette jeunesse est notamment privée de la parole, de s'organiser en parti politique, en association, de parler et de dire ce qu'elle pense. M. Mokri constate que depuis quelques années, ces jeunes se sont retrouvés dans une demeure, un espace où ils peuvent parler, se manifester, de parler de leurs ambitions, et cette demeure c'est le cyber ! C'est des gens qui ont pu se connecter, qui connaissent Twitter et Facebook, qui communiquent et, pour M. Mokri, c'est devenu le plus grand parti du monde arabe. Ces jeunes ont trouvé cet espace de communication, d'expression sans censure? d'un coup, ils décident de descendre du virtuel vers le réel. De descendre dans la rue où ils sont arrivés à la conquérir et faire tomber un régime comme en Tunisie, pense M. Mokri qui en déduit que «maintenant ils créent un événement en Egypte», et il pense que «les autres pays arabes ne seront pas aussi épargnés si les gouvernements de ces pays-là ne tirent pas les enseignements pour provoquer des réformes profondes dans le domaine économique et politique».

A la question de savoir s'il n'y a pas la main des Américains derrière ces mouvements, le dirigeant du MSP a estimé qu'il «y a un effet boule de neige. Il y a une certaine convergence entre les gens qui partagent de mêmes sentiments. Tout le monde sait que ces régimes arabes sont soutenus par les Etats-Unis et maintenant on dit que ces jeunes sont manipulés par les USA», c'est paradoxal, a commenté M. Mokri. Il a, au passage, souligné que les Etats-Unis, l'Occident en général ne veulent pas de la démocratie dans le monde arabe.

Lever l'état d'urgence

Concernant les dernières émeutes en Algérie, M. Mokri a estimé que «les ingrédients pour d'autres manifestations existent en Algérie ainsi que ceux d'une crise». Quelle solution ? En substance, M. Mokri a suggéré qu'il faut de la démocratie, du contrôle sur les affaires publiques, des élections libres. Au sujet des rumeurs récurrentes relatives à un éventuel changement de gouvernement qui circulent depuis plusieurs jours à Alger, M. Mokri a estimé que «quand un fusible saute, cela ne mérite pas d'attention». Il faut, a-t-il dit, « lever l'état d'urgence», rappelant que «le MSP l'a proposé depuis plus de trois années ; il faut permettre à la société civile de se développer, lever les obstacles à la création d'associations et aller à des élections libres».