Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Abderrahmane Belayat: Le FLN n'est pas contre un remaniement du gouvernement

par Amine L.

Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du Front de Libération Nationale (FLN), a affirmé hier que son parti ne voit aucun inconvénient à un éventuel remaniement du gouvernement si le président veut le faire. «Le gouvernement peut être remanié si le président de la République le veut. Ce n'est ni une revendication ni encore moins une obsession pour nous. Nous avons une réunion du bureau politique et cette question sera abordée», a-t-il déclaré hier sur les ondes de la radio chaîne 3.

Il faut dire que la question est d'actualité. Des bruits ont laissé entendre depuis quelque temps que le chef de l'Etat songe à procéder à un remaniement gouvernemental pour tenter d'atténuer la tension sociale marquée par les émeutes qui avaient secoué le pays, début janvier dernier.

M. Belayat a aussi évoqué la «possibilité d'un ajustement de la politique actuelle». «Au FLN, dit-il, il y a une réflexion, nous comptons l'élargir au RND et au MSP». Il estime que les dernières manifestations ne reflétaient pas une crise sociale. «Les revendications portaient sur les augmentations des prix de produits de première nécessité. Mais ce n'est pas spécifique à l'Algérie. Les tensions dépassent les frontières. La Jordanie, la Tunisie et la Mauritanie connaissent des situations de tension similaires», a relevé M. Belayat. Et de rappeler que la situation mondiale est caractérisée par une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux. «Il n'y a pas d'effet de contamination en Algérie, car le gouvernement peut faire face à ces tensions vu l'aisance financière du pays». «Entre 1988 et 1995, la dette algérienne était énorme. Le baril du pétrole était à 9 dollars. La situation était difficile. Mais aujourd'hui, les difficultés sont faciles à surmonter, vu la situation d'aisance financière du pays», assure-t-il. Et de considérer que «le gouvernement a pris en charge les revendications sociales».

Invité à commenter la déclaration de Bekhadem qui a lié les émeutes à «des rumeurs malveillantes véhiculées par certains cercles occultes», M. Belayat a affirmé qu'«il y a forcément des rumeurs, mais il faut être concret». «Je ne pense pas que la rumeur soit la seule cause. Les rumeurs peuvent nuire mais moi je suis réaliste. Il y a eu des réactions sociales. Les faits sont têtus. Le gouvernement a pris de bonnes mesures. Il convient pour les partis et la classe politique d'être vigilants», dit-il.

 Interrogé sur les doléances de l'opposition portant sur l'ouverture politique et du champ médiatique, M. Belayat a déclaré que «cette question relève d'un autre registre. Ce sont des revendications exclusivement sociales. Pourquoi y greffe-t-on un problème politique?», s'interroge-t-il. Et d'ajouter: «Le FLN est majoritaire dans toutes les instances élues. Il convient de faire front commun avec nos partenaires de l'alliance présidentielle pour faire face à la situation».

 Interpellé sur le phénomène des immolations en cascade des jeunes à travers le pays, M. Belayat a qualifié ces gestes de désespoir de «regrettables». Et d'affirmer que «ces phénomènes ne sont pas propres à l'Algérie puisque des actes similaires ont été déplorés à Marseille, au Maroc et ailleurs». «Je ne suis ni psychologue ni sociologue pour expliquer ces comportements. Je ne peux que les regretter», a-t-il dit.

 Invité à exposer les grandes lignes de la politique du FLN vis-à-vis de la jeunesse, M. Belayat a soutenu que cette question a été un thème largement débattu au sein du parti à l'occasion de différentes conférences et autres rencontres dont la plus récente s'est tenue à Tipaza. «Nous avons toujours eu cette préoccupation de la jeunesse», rappelle-t-il. Interrogé sur la difficulté pour les jeunes d'accéder aux postes de responsabilité au sein du FLN, M. Belayat a estimé que la priorité pour la jeunesse est «la formation, l'emploi, la santé, les loisirs et la culture. Et toutes ces préoccupations sont prises en charge par le gouvernement.» «L'Etat n'a pas oublié les préoccupations immédiates des jeunes. La solution ne réside pas seulement en un traitement social du chômage mais en un traitement à long terme», explique-t-il.

 Enfin, évoquant la crise interne qui a secoué récemment le FLN, l'invité de la radio a estimé qu'«aussi bien la Direction, la base que tout l'environnement du parti connaissent actuellement la sérénité». «Le FLN est en train d'analyser la situation très sereinement. La page des difficultés est tournée», assure-t-il.