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Les
Tunisiens n'ont pas eu le temps de savourer la chute de Ben Ali que le régime
toujours en place de celui-ci essaye de les déposséder de leur victoire. Cela
en s'appuyant sur l'article 56 de la Constitution tunisienne qui dispose qu'en
cas d'empêchement passager du président de la République, celui-ci confie
l'intérim au Premier ministre. Or l'empêchement dont est frappé Ben Ali n'est
nullement passager parce qu'il a été tout simplement renversé par la révolution
populaire «du jasmin». Une situation envisagée par un autre article de la
Constitution qui fait du président de la chambre des députés l'intérimaire à la
magistrature suprême le temps d'organiser l'élection présidentielle.
L'entourloupe de la désignation à l'intérim présidentiel du Premier ministre Mohammed Ghannouchi par le dictateur déchu et ses séides encore accrochés au pouvoir, outre qu'elle voulait signifier que Ben Ali reste le président constitutionnel malgré son départ du pays, était destinée à assurer les arrières des tenants du régime honni. La manœuvre a fait long feu. La pression populaire et certainement celle de l'armée ont contraint le Conseil constitutionnel à dessaisir Ghannouchi de l'intérim présidentiel pour le confier au président de la chambre des députés. Pour autant les manœuvres vont se poursuivre de la part des «orphelins de Ben Ali» pour empêcher que la «révolution du jasmin» aille au bout de sa logique, à savoir le démantèlement radical du régime et la neutralisation des prédateurs qui en ont été les bénéficiaires. C'est dire que la vigilance des citoyens tunisiens ne doit pas être émoussée par l'euphorie suscitée par la fuite de Ben Ali. Apparemment l'armée tunisienne a pris acte de la volonté de changement démocratique qu'exprime la rue dans le pays et refusé de marcher dans la manœuvre d'arrière-garde de Ben Ali et de son clan. C'est la bonne nouvelle pour le peuple tunisien. Il lui faut maintenant conforter cette armée dans son soutien à ses revendications de changement démocratique. En faisant d'abord et avant tout que la violence ne l'emporte pas dans ses réactions aux provocations et autres tentatives que les tenants du régime déchu feront pour annihiler sa victoire. Pour cela, il lui faut neutraliser les extrémistes en son sein qui sous prétexte de balayer ce qui reste du régime Ben Ali s'adonneront à une surenchère à la finalité aussi totalitaire que le fut celui-ci. Nos frères tunisiens ont réussi l'inimaginable en pays arabe: se débarrasser par un mouvement populaire d'un dictateur et de son régime. Il leur reste à faire plus et mieux: instaurer une démocratie réelle. Ils en sont capables et serviront ainsi d'exemple aux citoyens du monde arabe. D'avoir déjà réussi à faire tomber une dictature qui passait pour être indéboulonnable, les Tunisiens ont incontestablement montré le chemin que les autres peuples arabes doivent emprunter pour en finir avec leurs régimes du même tonneau. C'est peu dire que ces peuples ont été attentifs aux événements historiques dont la Tunisie est le théâtre depuis un mois. Ils suivront avec encore d'intérêt passionné ceux qui sont en gestation avec l'après Ben Ali dans ce pays. En menant à bon port le projet démocratique pour lequel ils se sont si courageusement soulevés, nos frères et voisins tunisiens seront les déclencheurs d'une lame de fond qui de proche en proche mettra à bas tous les potentats et dictatures qui sévissent dans ce monde arabe considéré comme réfractaire à la liberté et à la démocratie. |
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