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En
guise de réponse aux concessions annoncées jeudi soir par leur président, les
Tunisiens ont massivement investi les rues de la capitale et d'autres villes du
pays pour lui signifier qu'ils ne se contenteront pas des changements promis.
Comme le montrent leurs slogans et mots d'ordre, les manifestants réclament la
fin du régime Ben Ali qui ne peut se produire qu'avec le départ du vieux
dictateur qui en est le symbole. Pas dupes, ils ont en effet compris que Ben
Ali n'a lâché du lest et promis la démocratie, la liberté d'expression et,
cerise sur le gâteau, qu'il ne se représenterait pas à l'élection
présidentielle de 2014 uniquement pour sauver l'essentiel. A savoir rester
encore au pouvoir le temps que se produise la décrue de la révolte populaire et
l'effritement des solidarités citoyennes qui font un raz de marée de la
présente révolte populaire.
Le calcul du président tunisien est voué à l'échec car ses promesses sont arrivées trop tard et sont surtout entachées du sang de dizaines de morts et de centaines de blessés. Ben Ali a commis l'erreur de croire que les Tunisiens lui font confiance en dépit de la féroce répression dont ils ont fait l'objet en ces journées de révolte que le pays a vécues. C'est lui qu'ils remettent en cause ne l'estimant pas prêt et disposé à mettre en œuvre les promesses annoncées. Ils n'ont pas tort tant il est inimaginable qu'un dictateur ayant sévi pendant 23 ans puisse soudainement s'amender et leur offrir les changements dont il a fait état dans son troisième discours à la nation. Les Tunisiens ont donc raison de continuer à faire pression sur lui pour qu'il «dégage» et quitte le pouvoir. Ils commettraient une faute historique à entendre les «conseils de sagesse» que leur prodiguent avec un empressement douteux les milieux étrangers qui s'étaient abstenus de dénoncer la violence mise par Ben Ali et son régime à réprimer la révolte populaire. A ce régime et à son président, il ne faut pas offrir la chance de se reprendre. Des «âmes charitables» disent déjà s'inquiéter que les «concessions hautement positives» de Ben Ali n'aient pas eu l'effet apaisant, et craindre de ce fait que la Tunisie bascule dans l'aventure L'aventure pour elles c'est un changement radical qui remettrait en cause les intérêts et l'influence qu'ils ont en Tunisie grâce à la bienveillance complice de Ben Ali, de son régime et de son clan familial. Ben Ali est en fin de parcours. Les Tunisiens doivent continuer à réclamer son départ mais se garder de voir leur inéluctable victoire confisquée. Ce qui peut arriver s'ils acceptent de laisser les seuls appareils politiques ou autres décider ce que sera l'après Ben Ali en Tunisie. Sans minimiser la contribution de certains d'entre ces appareils au mouvement de révolte anti-Ben Ali, celui-ci a été néanmoins le fait du petit peuple tunisien. C'est cette réalité que devront exprimer les changements à faire en Tunisie faute de quoi il y a danger que le pays retombe très vite dans les mêmes errements auquel a donné lieu le régime honni de Ben Ali. Voisins des Tunisiens, les Algériens suivent avec sympathie, avec même de la jubilation ce qui est en train de se passer ces dernières heures en Tunisie. Pas tous évidemment car il y a aussi ceux à qui la tournure prise par les événements dans ce pays donne des sueurs froides. Ce sont bien entendu nos officiels à nous, terrorisés qu'ils sont par la peur de l'effet contagion que ces événements peuvent avoir en Algérie. Peur fondée car l'Algérie est sur un volcan que le moindre prétexte peut faire entrer en éruption. Les mêmes causes ont tôt ou tard les mêmes effets. Une évidence que notre ministre de l'Intérieur a fait mine d'ignorer mais qui peut se rappeler à lui et au système dont il est l'une des incarnations. |
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