|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Un accident de la circulation spectaculaire s'est produit dans la matinée
d'hier, au quartier «Point du jour», à Oran. Deux bus de la ligne B sont entrés
en collision faisant 19 blessés dont 3 graves et 15 ont été gardés en
observation aux urgences médico-chirurgicales. Bien qu'aucun mort n'est à
déplorer, cet accident remet sur le tapis l'éternel problème des transports en
commun, tout particulièrement les règles que doivent respecter les chauffeurs qui,
chaque jour, transportent des milliers de vies humaines, d'un point à un autre
de la ville.
Il est 8h30 du matin, le bus de la ligne B vient de faire le plein de passagers, à l'arrêt d'Es-Seddikia, pour prendre son itinéraire habituel qui va jusqu'au quartier des «Amandiers», soit quelque 12 km de trajet. A l'intérieur du véhicule, tous les passagers sont assis et n'attendent que leur arrivée à destination. Le receveur n'avait pas encore commencé à faire sa tournée vers les clients pour encaisser, bien que le bus soit déjà en route. Arrivé au stop pour prendre le tournant allant vers le quartier «Point du jour», le véhicule commence à rouler à grande vitesse pour doubler un autre véhicule, une 206 selon certains témoins de l'accident. Mais au moment où le chauffeur du bus tentait d'effectuer ce dépassement, un autre bus de la ligne B également, roulait en sens inverse. Pas de temps pour faire cette manœuvre dangereuse dans une voie à double sens, les deux véhicules, grand gabarit, ne pouvant chacun éviter l'autre, rentrent en collision, juste avant d'arriver à la clinique «Point du jour». Un moment de grande panique pour les passagers qui étaient à l'intérieur des deux bus et pour les piétons qui circulaient sur l'avenue. Des cris fusaient de toute part. Les passagers, surpris et choqués par cet accident, se sont retrouvés collés aux vitres, tombés par terre, ou coincés entre les sièges, pour d'autres. Une femme accompagnée de son fils, prise de panique, commence à crier de toutes ses forces croyant que son enfant était mort. Une jeune fille qui était assise, a été propulsée vers une barre métallique du véhicule et blessée à la tête. La forte collision a envoyé le chauffeur contre le pare-brise. Le receveur est blessé à la main et à la tête. Tout s'est produit en une fraction de seconde, au point où les passagers n'ont pas eu le temps de réaliser le drame, nous dira un jeune qui se trouvait à l'intérieur du bus, au moment de l'accident. «Nous étions assis dans le calme quand, d'un coup nous ne pouvions plus contrôler nos corps. A ce moment, nous avons senti venir la mort. Je ne peux pas décrire ce qui s'est passé autrement», dira ce jeune âgé de 23 ans qui a failli s'évanouir sur place tellement l'accident était violent. Dans ce climat de grande panique et de peur indescriptible, les agents de la protection civile, ainsi que les agents de l'ordre, se sont déplacés sur les lieux pour évacuer les blessés vers les urgences et dégager les deux véhicules de la voie publique. Transférés aux UMC, les 15 blessés dont 3 dans un état grave, étaient dans la salle de déchocage. Une jeune fille, blessée à la tête avec les mains bandées était sur un brancard et devait passer une radio pour s'assurer qu'elle n'avait aucune fracture. Selon son témoignage, «le bus roulait à grande vitesse et voulait doubler une Peugeot et comme un autre bus venait en sens inverse, il y a eu collision. J'étais assise et je me suis retrouvée enfoncée contre le siège. Heureusement, il n y pas eu de mort, mais...». Le receveur de l'un des deux bus a également était admis aux UMC. Il s'est abstenu de tout commentaire, se contentant juste de dire que les chauffeurs de deux bus ont juste été blessés et l'un d'eux a disparu au moment de l'accident. Un accident qui ne peut pas passer sous silence même si aucun mort n'est à déplorer. Désorganisé, livré au diktat des transporteurs privés, le transport en commun fait encore parler de lui. Les usagers se sentent toujours mal transportés et humiliés dans un service public. Des arrêts improvisés, des itinéraires des lignes non respectés, des augmentations de tarifs injustifiées, des courses poursuites entre les bus, chacun voulant prendre plus de clients, l'agressivité des receveurs et le non respect du code de la route par les chauffeurs font du transport en commun un service livré à lui-même. Selon un professionnel du secteur, il y a certains propriétaires de bus qui détiennent le monopole et ne se soucient guère de la qualité du service. Le plus important pour ces transporteurs privés est de faire une recette journalière conséquente. La pratique courante est ce compromis conclu entre les chauffeurs et les propriétaires de véhicules, en absence de tout contrôle. Le receveur est tenu de faire plusieurs milliers de dinars de bénéfice par jour pour le propriétaire. Tout ce qu'il peut gagner en plus va dans les poches du chauffeur et du receveur. C'est ce qui explique ces rallyes entre les bus et ces dépassements sur les routes. Le personnel du bus n'est préoccupé que par les tickets vendus par jour, au détriment de la clientèle et de sa sécurité. Conséquence d'une telle situation, des accidents de la route souvent mortels et des blessés parfois handicapés à vie. |
|