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L'affaire du «Palais des Congrès» à la barre

par Houari Saaïdia

Le crime communément appelé du «Palais des Congrès», en référence au cadavre de la victime retrouvé dans la cave inondée de cette carcasse mastodonte, sise à Haï Es Sabah, était hier à la barre. C'est par cette affaire macabre, dont les faits inspirent consternation et répugnance à la fois, que s'est ouverte la première session criminelle 2011. Au banc des accusés, quatre personnes. Homicide volontaire avec préméditation, violation de domicile et port d'armes prohibées. Telles sont les accusations sous lesquelles comparaissaient les mis en cause. Quatre jours et de gros moyens ont fallu aux pompiers et aux égoutiers de la commune pour repêcher le corps, gisant au fond du sous-sol, inondé d'eaux usées, de la charpente en béton du fameux Palais des Congrès d'Oran.     C'était le 27 décembre 2007. Résultats du rapport d'autopsie pratiquée le lendemain sur la dépouille: «Au terme de notre examen necropsique, nos constatations médico-légales sont: 1. Un statu anatomo-pathologique macroscopique syndrome asphyxique caractéristique d'une submersion vitale dans des eaux usées. 2. Aucune trace de lésion de violence suspecte en dehors d'une excoriation superficielle de l'épaule droite. Conclusion: la mort du nommé D.L., 35 ans, est en rapport avec une submersion vitale dans les eaux usées.» Cinq jours auparavant, le 22 décembre.  Cette nuit-là, vers 22h30, une femme se présente, en pleurs, au commissariat de police d'Oran pour signaler l'enlèvement de son mari par un groupe de deux à quatre personnes, dont un qu'elle connaît, à savoir T.N. connu dans son entourage sous le sobriquet de «Djadja» (poulet). Selon la version de la plaignante, confortée par plusieurs témoins parmi ses voisins immédiats du bloc et de la cité mais également et surtout par G.N., un ami de son défunt mari qui était invité chez ce couple, ce soir-là, aux environs de 21h30, deux hommes, dont T.N., armés d'un fusil harpon, un coutelas et une batte de baseball, ont fait irruption dans le domicile de cette famille et ont kidnappé le propriétaire des lieux, sous les yeux impuissants de son hôte.

Quand l'épouse est sortie de la chambre à coucher où elle s'était retranchée conséquemment aux coups de pieds sur la porte et des cris menaçants provoqués par les visiteurs de la nuit, son mari kidnappé était déjà dans une Renault Scénic grise, au pied du bâtiment. Ils étaient, en tout, quatre hommes à l'avoir embarqué de force dans cette voiture conduite par alias «le Poulet.», selon des témoins oculaires. La Scénic a pris la direction de l'université de l'USTO. Fort probablement vers un lieu où les kidnappeurs voulaient lui régler son compte à D.L. dans ce qui devait être vraisemblablement une expédition punitive pour corriger celui qui a osé accuser et châtier vertement le chef de la clique T.N. pour une histoire de cocuage.  

Une relation extraconjugale, c'était ça le point central autour duquel pivotait tout le drame, voire même le mobile du crime. A la barre, les accusés se sont rétractés par rapport à leurs déclarations durant la procédure. Ils ont, cette fois-ci, nié les faits.

Le représentant du ministère public a requis la perpétuité contre les accusés en bloc. Entre l'acte d'enlèvement et la chute (provoquée ou accidentelle ?) dans la cave du Palais des Congrès, les évènements n'ont pas pu être retracés avec exactitude par le tribunal, en dépit d'une investigation très poussée. C'est la grande inconnue, la zone d'ombre terrible, lancinante, de toute cette affaire.

En dépit d'une investigation très poussée, le tribunal ne disposait pas, à l'arrivée, d'éléments probants susceptibles de lui permettre d'établir un lien d'enchaînement, de causalité, entre l'acte d'invasion du domicile de la victime et sa mort.

Aussi, le tribunal a-t-il disculpé les accusés de l'assassinat, ne retenant contre eux que la violation du domicile dont ils ont été déclarés coupables à l'issue des délibérations. Verdict : 4 ans d'emprisonnement contre les quatre accusés.