A l'Arba, Meftah, Bougara, El Affroun, ainsi qu'à Tipaza et ailleurs, des
jeunes ont dressé jeudi, des barricades coupant la route à de nombreux
travailleurs et étudiants qui regagnaient leurs domiciles. Beaucoup n'ont pu
rentrer qu'après 21 ou 22 h après avoir parcouru de très longues distances à
pied. L'odeur âcre de la fumée dégagée par les pneus en flammes vous prend à la
gorge, dès que vous vous en approchez et une indicible peur s'empare de vous
devant le spectacle désolant des pneus brûlés, des troncs d'arbres, des
édifices publics incendiés et des jeunes déchaînés que rien ne semblait pouvoir
arrêter. Les informations parvenaient de bouche à oreille et personne ne
pouvait, durant la nuit de jeudi à vendredi, rapporter exactement ce qui se
passait. Au fur et à mesure que le temps passait, les choses se dégradaient. Le
bureau de poste, l'agence BADR, les services des Impôts ainsi que l'agence SDC
de l'Arba, ont été saccagés; des témoins rapportaient des actes de rapine,
certains fouillaient un peu partout pour trouver de l'argent ou voler un
ordinateur ou d'autres objets de valeur. A Blida-ville, des jeunes ont tenté
d'attaquer ne banque privée mais l'intervention des policiers les a dissuadé et
seulement quelques jets de pierres ont atteint des vitres qui se sont brisées.
Du côté d'El Affroun des jeunes ont bloqué la RN 4, à hauteur de Bouroumi, mais
très vite ils ont été obligés de partir après l'intervention des forces de
l'ordre. Les policiers et les gendarmes ne savaient plus où donner de la tête.
Hier matin, la ville de L'Arba s'est réveillée sur un spectacle de désolation
extrême, les abords de la poste et des services des Impôts, situé l'un en face
de l'autre, étaient jonchés de documents divers, des milliers de chèques
étaient jetés par terre, des chaises, des bureaux, du mobilier divers,
brûlaient encore en dégageant une fumée épaisse qui rendait l'atmosphère
irrespirable. Un peu plus loin, l'agence BADR de l'Arba présentait le même
spectacle de désolation et des documents divers virevoltaient, un peu partout.
La porte béante laissait entrevoir des bureaux calcinés à l'intérieur de la
banque. C'est encore le même spectacle du côté de l'agence SDC (ex Sonelgaz) de
la ville. A Béni Tamou, ce sont des bus de transport d'étudiants qui ont été
ciblés.