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Alors que Renault
est secoué par une affaire d'espionnage technologique, ses cadres travaillent
toujours sur le dossier Algérie. Une nouvelle manche de négociations est prévue
vers la mi-janvier. C'est aussi à la même période que les Allemands de
Volkswagen doivent, eux aussi, affiner et présenter leur proposition d'usine
automobile en Algérie.
Récemment, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, Mohamed Benmeradi, révélait que «Volkswagen insiste beaucoup pour venir (investir en Algérie). Nous avons eu des échanges assez intéressants avec ce groupe», a indiqué M. Benmeradi. Lors d'une conférence animée au Forum d'El Moudjahid, il avait souligné qu'il s'agit du deuxième constructeur automobile étranger intéressé par le marché algérien, et qui se propose même de «considérer l'Algérie comme son pied d'appui pour le marché africain». En réalité, les Allemands auraient sérieusement fait avancer leur proposition d'investissement dans la production de 70.000 véhicules de la gamme Polo, relativement accessible au grand public, à destination du marché intérieur, en prévoyant, plus tard, d'augmenter la production à destination de l'exportation. Le distributeur privé algérien «Sovac» serait impliqué dans le projet aux côtés de l'Etat. Au plan de l'intégration, le projet allemand prévoirait un taux de 40% à l'issue de plus de deux ans d'activité. Ce dossier aurait le soutien politique du gouvernement Merkel. Les managers de Volkswagen doivent avoir un nouveau round de discussions avec les Algériens, à peu près à la même période que se tiendront les pourparlers avec Renault. Les yeux plus gros que le ventre Avec les Français de Renault, une première proposition avait été faite à l'Algérie. Elle n'avait pas été agréée. Le constructeur français exigeait notamment une protection accrue du marché algérien contre les importations. «Il est surprenant de découvrir que Renault demande au gouvernement d'aller pratiquement jusqu'au bout de la logique du ?nationalisme économique' en serrant davantage les vis pour les importations», notait un commentateur. Une exigence qui a, en tous cas, été jugée exorbitante côté algérien tandis que des observateurs ont juste fait remarquer que le marché de l'automobile algérien est déjà captif des deux marques Renault et Peugeot, depuis des décennies. Alors pourquoi forcer la dose et avoir les yeux plus gros que le ventre ? On se souvient aussi que le groupe Renault avait dans le passé posé la condition du rétablissement du crédit à la consommation sachant pourtant que pour le gouvernement algérien cela touche à sa liberté de déterminer sa politique économique. Dans son projet, Renault prévoirait de produire 75.000 véhicules par an. A 5.000 exemplaires près, c'est l'objectif de Volkswagen. Jusqu'à présent le marché algérien semble en mesure d'absorber 200.000 véhicules par an. Il y aurait, relativement, de la place pour les deux marques. En tout cas, côté français, on crie «cocorico» ! Pour le journal français Les Echos, «il s'agirait d'un retour par la grande porte après une longue parenthèse: dès 1959, à l'époque de l'Algérie française, la marque avait décidé de créer l'usine Caral (Construction des Automobiles Renault en Algérie) pour assembler ses modèles sur place, à commencer par la Dauphine. Après l'indépendance, ce fut le tour des R4 et R8, et des fourgonnettes. Mais, lors des grandes vagues de nationalisation, à la fin des années 1960, Renault perd le contrôle de ses deux sociétés de montage et de distribution (Sadar), et la production cesse brutalement, après un contentieux sur des arriérés de droits de douane». Fin de ce rappel historique et «nostalgique». Selon Les Echos, cette fois-ci Renault développera en Algérie, «les modèles Logan, Sandero (deux véhicules pour l'instant réalisés en Roumanie et au Maroc) et la Symbol, une version tricorps de la Clio actuellement importée de Turquie. Renault deviendrait ainsi le premier constructeur significatif dans le pays». Ces véhicules seraient produits sur la plate-forme de Rouiba, à l'est d'Alger. Côté français, on en dit pas plus. On garde secrets les détails. Négociations obligent, surtout que cela coïncide avec une affaire d'espionnage technologique mise au jour au sein de l'entreprise. Quoi qu'il en soit, il faut redire qu'en Algérie la marque du losange est en terrain conquis par rapport à leurs concurrents allemands. Les chiffres le montrent. Selon les derniers chiffres de l'Association des concessionnaires automobile d'Algérie (AC2A), pas moins de 207.019 véhicules neufs ont été vendus pendant l'année 2010. En tête, on trouve Renault Algérie, pour la 5e année consécutive, avec 43.416 unités vendues. Sans «protection» du marché ni crédit à la consommation. |
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