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FEU VERT

par M. Saâdoune

Le programme algérien pour le développement des énergies renouvelables sera présenté ce mardi en Conwseil des ministres. La nouvelle intéresse de nombreux Algériens et étrangers qui se passionnent pour les projets futuristes qui ont été mis sur la table ces derniers temps. Le ministre algérien de l'Energie a confirmé le caractère «ambitieux» du programme en indiquant qu'une soixantaine de projets ont été identifiés pour produire entre 2500 et 3000 MW d'énergie solaire et éolienne d'ici 2020. Il est clair qu'il faut être ambitieux s'agissant d'une option stratégique d'avenir.

 L'Algérie - certains le lui ont reproché - n'a pas affiché de préférence particulière, ni de rejet catégorique non plus à l'égard des mégaprojets européens en matière d'énergies renouvelables, solaire notamment. Alors que les pays voisins ont clamé leur adhésion au projet Desertec et Transgreen, l'Algérie a surtout émis des conditions préalables. Ces conditions - acquisition technologique, fabrication des équipements en Algérie et débouché commercial pour la production d'électricité - étaient destinées à éviter de réduire l'Algérie à un rôle de terre d'accueil pour les projets en question. La démarche a donc consisté à dire: nous élaborons notre propre programme et à partir de là, on prospecte les possibilités de partenariat mutuellement bénéfique.

 Il est clair qu'il faut aller dans la transition vers ces énergies nouvelles mais il n'y a aucune urgence signalée à se placer dans des programmes sans faire l'inventaire de ce qu'on y gagne. La démarche des responsables du secteur de l'énergie est donc faussement lente. La démarche prudente qui consiste à ne pas s'engager dans des projets sans s'assurer préalablement que l'économie algérienne y gagne reste donc de mise.

 A Berlin, le président de la République a semblé avoir tranché en faveur de Desertec? mais dans les faits, les choses ne sont pas arrivées au stade de la décision. Les projets européens ne sont pas encore arrivés à maturation et il y a encore du temps pour la réflexion. Sur cet aspect, Youcef Yousfi vient d'ailleurs de rétablir les choses. L'Algérie peut travailler avec plusieurs partenaires, elle n'a pas à donner de «feu vert ou de feu rouge» à des projets comme Desertec. L'essentiel est d'avoir son propre programme et de voir à partir de cette base les possibilités de partenariats. Il ne faut pas se voiler la face.

 La stratégie qui l'emporte en Europe se fonde sur une intégration plus poussée de la Russie à l'Europe par le biais du secteur de l'énergie. Dans ces projections stratégiques où l'on parle de «Schengen de l'énergie», l'Afrique du Nord reste un partenaire à la marge. Le «Schengen» énergétique paraît plus réaliste, du point de vue européen, que le projet Desertec qui reste encore à affiner et à sortir de son côté science-fiction. A défaut d'avoir un programme commun maghrébin, un programme national n'a rien de superflu. Lui donner le «feu vert» est d'une grande importance.