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Tlemcen : Monuments historiques : une approche problématique de la protection

par B. El Hassar



La protection des sites et monuments historiques à Tlemcen, où les monuments datant de l'époque constituent un lourd héritage, reste un domaine très difficile à gérer.

Les spécialistes de la question relèvent de nombreuses contradictions dues à la loi 98/04 et ses conditions d'application sur le terrain. La difficulté la plus importante réside en la question relative à la zone de protection qui est fixée à 200 m dans le pourtour d'un monument.

 Est-ce une zone où il est interdit de construire ? Est-ce une zone de protection autour d'un monument classé ? Les spécialistes et les opérateurs sur le terrain dont les architectes notamment sont tous unanimes à croire qu'il ne s'agit nullement d'une zone d'interdiction et ne serait tout simplement, selon eux, qu'une hérésie grave de la loi, surtout pour ce qui est des villes historiques où les monuments classés (arabes, espagnols ou turcs) sont au cœur même des cités, faisant partie de leur tissu urbain. Dans une ville comme Tlemcen, les monuments classés comptent plus d'une quinzaine, noyés au milieu de zones d'habitat. Avec un rayon de 200 m autour de chacun d'eux, c'est en effet, toute la ville qui est concernée par les mesures réglementaires d'interdiction et de protection !

Dans le cas de 200 m en tant que zone de protection autour d'un monument, ce qui est certainement logique, le problème est aussi de fixer la norme. Or pour l'ensemble du patrimoine classé de la ville de Tlemcen, il n'existe ni dossiers techniques, ni cahiers de charges établissant les règles délimitant les champs de visibilité, d'éloignement, d'alignement, de style architectural, d'altitude? Les spécialistes considèrent qu'il y a encore énormément à faire pour parvenir à une gestion efficace, en respect des règles, à la fois de protection et surtout de respect du droit de la propriété, pour des habitants qui sont censés se soumettre à la loi, sur la base de règles opposables à tous pour la protection du patrimoine monumental. Une telle démarche est susceptible d'apporter des solutions ou des réponses objectives face à une situation de cafouillage dont pâtit la cité avec un passif lourd et des carences d'ordre bureaucratique qui pénalisent le citoyen et l'urbanisme, dans la vieille cité des Zianides. A ce jour, en l'absence d'instruments et de règles juridiques objectives, c'est un peu la foire, juge-t-on, au niveau de la société civile. Une situation qui ne profite pas à l'effort nécessaire pour la sauvegarde du patrimoine historique ou archéologique.