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Belkhadem
est tout sauf quelqu'un de guidé par les chimères. Surtout pas par celle qui
consisterait pour lui à se voir dans l'habit présidentiel, que ce soit en 2014
ou à toute autre date. Il a parfaitement intériorisé qu'il ne doit son déjà
exceptionnel parcours politique qu'aux protections successives dont il a
bénéficié de Boumediène, en passant par Chadli Bendjedid jusqu'à Bouteflika
depuis 1999. Il sait tout aussi parfaitement que par lui-même, il est de peu de
poids et dans l'impossibilité d'aspirer à la magistrature suprême, même s'il
venait à renoncer aux convictions qu'il affiche et ont fait de lui la cible à
abattre pour beaucoup de monde.
C'est pourquoi, il est l'un des rares acteurs politiques à vouloir sincèrement que l'ère Bouteflika se prolonge le plus longtemps possible. Pour la bonne et simple raison qu'il sait que sa survie politique en dépend. Quand il appelle de ses vœux la candidature de son protecteur pour un quatrième mandat, il ne fait pas preuve de plate courtisanerie mais de réalisme dicté par son intérêt personnel. Même ceux qui ne le ménagent pas au motif de l'aversion qu'il leur inspire et de l'aspiration qu'ils lui prêtent d'ambitionner à remplir un «destin national» ne croient nullement qu'il a la carrure à forcer les évènements. Ils se trompent par conséquent en faisant de lui l'épouvantail du scrutin présidentiel de 2014. S'il y a quelqu'un que l'ambition présidentielle taraude et à laquelle il pense matin et soir, c'est bien le fluctuant et insaisissable Ahmed Ouyahia. Lui aussi a fait la carrière qu'on lui connaît sous la protection de «burnous» successifs. Mais contrairement au premier, sans se découvrir en terme de convictions. Posture qui lui permet d'apparaître plus acceptable et moins répulsif pour ceux que rebute le profil de Belkhadem. De lui, il ne faut pas prendre pour argent comptant les louanges qu'il tresse à Bouteflika. Les éloges appuyés qu'il adresse de temps à autre à ce dernier sacrifient aux mœurs du sérail et ont valeurs préventives contre le ressentiment que Bouteflika pourrait nourrir au constat d'une ambition qui se cache à peine et trouve de solides appuis. Tout ce que dit et fait Belkhadem n'a d'autre motivation que la préservation du rapport de force qui lui permet de surnager politiquement. Ouyahia, par contre, travaille souterrainement à changer ce rapport de force, tout en faisant acte d'allégeance aussi ostensiblement que l'actuel secrétaire général du FLN. La détestation très large qu'inspire Belkhadem fait converger sur lui d'injustes traits et devient la source de commentaires qui occultent la réalité qui se joue dans les arcanes du pouvoir. L'homme est livré en pâture pour cacher ce qui se joue vraiment au sein de ce pouvoir. Belkhadem n'est ni le problème ni la solution pour le pays. Focaliser sur lui et en faire l'épouvantail menaçant pour l'avenir de la nation, c'est succomber au piège que les tireurs de ficelles tissent en poussant à sa diabolisation. Qu'il reste ou parte de la direction du FLN, cela ne changera rien au scénario qui sera imposé au peuple pour l'élection présidentielle à venir. |
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