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Les luttes de
succession au Front National font rage et c'est l'occasion pour les prétendants
de ressortir toutes les ignominies de leur fonds de commerce. En digne fille de
son père, Martine le Pen ne fait pas dans le détail en comparant les »prières
de rue» des musulmans à l'Occupation allemande. La presse française a réagi
quasi unanimement en condamnant ces propos, les qualifiant «d'outranciers» ou
de «choquants»; des organisations de défense des droits de l'Homme ont même
porté plainte pour provocation à la discrimination, à la haine et à la
violence.
On pourrait se réjouir de cette belle unanimité pourfendant l'islamophobie. Sauf que?le même type de propos, tenus quotidiennement par une multitude d'hommes politiques de droite comme de gauche et largement reproduits dans la même presse, ne fait l'objet d'aucune condamnation ni d'aucun commentaire. En d'autres termes, l'islamophobie du Front National est répugnante, celle d'Alain Finkielkraut, de Houellebecq, de Manuel Valls (PS) de «Riposte Laïque» (Association d'élus UMP)? et de bien d'autres est respectable. Il y a là une formidable hypocrisie quand on sait que depuis une dizaine d'années ? et les choses vont en s'accentuant ? le débat politique et intellectuel en France se focalise essentiellement autour des thèmes de la sacro-sainte «laïcité», des «valeurs de la République», de la nationalité, etc. Autant de thèmes qui ont, bien sûr, vocation à détourner l'attention de la réalité sociale du pays et son cortège d'inégalités et d'injustice, sans parler des multiples «affaires» où sont compromis des responsables de l'Etat. Mais ces thèmes ont surtout permis de libérer l'expression la plus veule, la plus xénophobe et raciste ? jusque-là non dite ou «réservée» au Front National ? par une frange soi-disant «cultivée» de la société. Si la laïcité et les valeurs de la République devaient être débattues, c'est donc qu'elles étaient menacées ! Mais menacées par qui ? Les exemples ne manquent pas? Quelques centaines de jeunes filles ayant eu l'audace d'assister aux cours avec un foulard et voilà la laïcité menacée par? l'Islam. Une loi s'imposait donc (votée par les partis de droite et de gauche). Quelques dizaines de femmes osant se montrer sur la voie publique, vêtues d'une burqa, et voilà qu'en pleine crise économique ? une aubaine pour Sarkozy - un député du PCF propose de faire voter une loi interdisant le port dudit vêtement, les valeurs de la République sont, une fois de plus, menacées par? l'Islam. Mais au fait, de quelle République parle-t-on ? De la III° République sans doute et de ses colonies puisque l'Assemblée Nationale a éprouvé aussi le besoin de légiférer sur les aspects positifs de la colonisation? Jusqu'à satiété, nous aurons tout entendu sur ces sujets et surtout le pire. Le moindre fait divers aura été ? et est toujours ? le prétexte à convoquer un chroniqueur ou un expert en Islam pour amalgamer terrorisme et islamisme, pour tenir à longueur de colonnes, des propos bien plus insidieux et violents que ceux-là mêmes prononcés aujourd'hui par le F.N. En quoi (pour ne prendre qu'un exemple parmi des milliers), le déplacement médiatique de Mme Badinter pour accuser une femme licenciée portant la Burqa, au motif de laïcité menacée, diffère-t-il quant au fond des propos de Martine le Pen. Dans les deux cas c'est bien l'autre qui, par sa singularité «voyante», «nous» envahit. Dans les deux cas aussi ce sont des pauvres qui dérangent. Pourquoi s'indigner contre le seul FN alors que sans relâche, ses propos détestables et dangereux sont alimentés ? sinon partagés ? par un certains nombres de dirigeants de gauche et de droite et relayés par une grande partie des médias? *Militant associatif |
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