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Dahli se donne de l'air avec ses créanciers

par Samy Injar

La filiale Dahli de la holding Arcofina, qui a animé la place financière d'Alger en 2009 en lançant un emprunt obligataire pour 8,3 milliards de dinars, a rendu publics des résultats en progrès pour le premier semestre 2010. Ses créanciers, rassurés, l'attendent surtout sur son tableau de marche Alger Medina, le projet pour lequel il n'a pas mobilisé les financements nécessaires, mais qu'il n'annule pas.

La profitabilité des activités sur lesquelles se situe Dahli, hôtellerie, immobilier, a été plus grande durant le premier semestre 2010 que durant le premier semestre 2009. Les résultats au 30 juin 2010 que le groupe vient de rendre publics, obligation de la COSOB pour tout organisme engagé par une opération sous son contrôle, enregistrent, en effet, une progression de 52%. Cette hausse équivaut à un bénéfice net de 267 millions de dinars. La hausse du résultat net est de 110% si elle devait être rapportée au second semestre 2009. Le chiffre d'affaires du groupe a également progressé, quoique dans une moindre proportion, de 8% sur les deux semestres comparés, passant à 1,6 milliard de dinars. La filiale Dahli a tenu à rassurer ses créanciers en affirmant dans sa communication financière que les résultats obtenus «couvrent largement le remboursement des échéances des crédits bancaires et celui des intérêts dus au titre de l'emprunt obligataire». Dahli a levé 2,9 milliards de dinars en janvier 2009 grâce à la souscription à l'emprunt obligataire lancé pour lever 8, 3 milliards de dinars. L'opération visait à financer la construction d'une partie d'Alger Medina, un pôle urbain et touristique de plus de 3,5 milliards de dollars. Après l'échec relatif de l'emprunt obligataire qui n'a permis de boucler que 30% de l'objectif, le patron d'Arcofina, Abdelouhab Rahim, a décidé de maintenir le projet dans sa totalité et d'en financer la réalisation en recourant à d'autres instruments financiers. Il a indiqué également qu'il détenait en fonds propres les moyens de soutenir son projet. Dahli est propriétaire de l'hôtel Hilton d'Alger, sur la partie centrale de la baie d'Alger et d'une tour de bureaux mitoyenne ABC (Algeria Business Center). Le modèle business du projet Alger Medina est de faire financer en partie les tranches à réaliser par celles entrées en activité. Le projet comprend en effet, un ensemble de tours d'habitations de haut standing, un hôtel d'affaires, un centre commercial, un port de plaisance, un Aquaparc.

Alger Médina sous forte contrainte de financement

La promotion est en retard sur son tableau de marche même si le communiqué de Dahli parle de la livraison de la première tranche d'Alger Medina au premier trimestre 2011. Dans un entretien réalisé par notre défunte collègue et amie Ghania Cherif, au premier trimestre 2009, Abdelouahab Rahim affirmait : « La réception du centre commercial et de l'Aquaparc est prévue pour le premier semestre 2010. Le flat-hotel sera livré en 2011. Quant aux tours de bureaux et immeubles d'habitations, nous les attendons pour fin 2012, début 2013. Alger Médina, dans sa totalité, sera réceptionné entre 2015 et 2016 ». L'entrée en activité du l'hypermarché Ardis, 500 à 600 emplois devait, elle, avoir lieu avant la fin de l'année 2009. Aucune de ces dates n'a été ou n'est en passe d'être respectée. De toute évidence, le non respect du plan de financement du projet Alger Medina va étaler sa réalisation sur le temps. Un changement qui devrait interpeller la COSOB, selon un consultant financier international, car «les montants pour lesquels ont été souscrites des obligations sous sa responsabilité ne sont pas suffisants pour faire aboutir le projet de Alger Medina et donc pour lui garantir un rendement sécurisant pour le remboursement. En principe dans d'autres pays l'organe équivalent de la COSOB ordonne l'annulation de la souscription et son remboursement intégral sans délai ». La bonne tenue des résultats de Dahli sur ses activités existantes, et l'entrée prochaine en exploitation du centre commercial puis ? avant l'été ? ? de l'Aquaparc, donneront peut-être une nouvelle impulsion au projet global, pour l'heure condamné pour sa partie la plus monumentale et la plus profitable ; l'ensemble des tours et le port de plaisance.