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C'est sans état d'âme que le bulldozer
mobilisé à cet effet par les services techniques de l'APC de Tlemcen a démoli,
lundi dernier, la vieille bâtisse des Bekhchi, située dans le légendaire
quartier de R'hiba (Bab El-Djiad).
La maison en question menaçait ruine, selon un architecte du bureau d'études Arcad (chargé de l'opération de réhabilitation) rencontré sur place. L'espace béant sera soit clôturé, soit aménagé, selon notre interlocuteur. En fait, la douéra traditionnelle, dont la façade donnait sur la pittoresque placette, se trouvait sur l'un des parcours culturels inscrits au programme de l'imminente manifestation islamique mondiale. Aussi, on est en droit de se demander si cette démolition était dictée par un impératif de péril public ou obéissait plutôt à des considérations conjoncturelles d'ordre purement protocolaire. D'autant qu'à quelques mètres de là, et plus exactement à Derb Sid El-Wazzane, une ancienne maison (appartenant aux Bensid), mitoyenne à la petite mosquée éponyme, sera épargnée alors qu'elle constitue réellement un danger pour les passants et les fidèles. A noter que cette dernière est squattée par une famille suite à un exode sécuritaire, dit-on. Quant à la douéra démolie, elle était occupée à titre de gardiennage par un vieux célibataire, artisan boulanger de son état, que nous avons retrouvé assis dans un état d'apathie au milieu des décombres, entouré de trois petits chats, ses compagnons d'infortune qui, si l'on en croit leur maître, ne voulaient pas quitter les lieux au moment de l'opération. «Cela fait presque deux décennies que j'habite ici. Maintenant je n'ai pas où aller, même mes effets n'ont pas échappé au bulldozer?», nous dira, très ému, ce sinistré de R'hiba, qui est devenu, à son corps défendant et sans «préavis» aucun, SDF. Un statut précaire qu'il s'est vu attribuer, comble du paradoxe, à la «faveur» d'une météo plus que défavorable (pluies diluviennes, baisse drastique du mercure). En effet, le pauvre hère dort aujourd'hui à la belle étoile dans l'impasse contiguë devant «sa» porte «orpheline» délabrée, exposé aux intempéries, avec comme seul «viatique» une pile de cartons, une minable couverture et un matelas en éponge abimé, avons-nous constaté. Si Adjadj Mohamed, alias «Bariouète», 56 ans, c'est de lui qu'il s'agit, lance un appel pathétique aux autorités locales pour son recasement, voire son relogement (F2) en cet hiver qui s'annonce glacial. Par ailleurs, il convient de signaler que le vieux quartier de R'hiba fait actuellement l'objet de travaux de réhabilitation, touchant notamment le four banal et le mausolée de Sid El-Mazouni, abstraction faite de l'opération « place nette » qui a vu la démolition de plusieurs baraques tenant lieu de commerces (deux cafétérias et trois stands de fruits et légumes). |
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