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Finalement, la réconciliation est venue au bout d'un peu plus d'une année
: les présidents des Fédérations algérienne et égyptienne de football, Mohamed
Raouraoua et Samir Zaher, se sont réconciliés mercredi à Doha, où la Coupe du
monde 2022 est prévue. La hache de guerre entre les deux présidents est
enterrée, semble-t-il, après une année de guerre froide. Entre les deux
présidents, entre les supporters des deux équipes, mais surtout entre
politiques des deux pays, puisque l'agression contre le bus des joueurs
algériens le 12 novembre dans la capitale égyptienne avait été suivie d'un
exécrable déballage médiatico-politique de la presse des bords du Nil contre
les symboles de la révolution algérienne. Flash-back : le match de
qualification pour la Coupe du monde 2010, joué au Caire un certain 14 novembre
2009, aura débordé de son cadre sportif bien avant la rencontre et entraîné,
beaucoup plus du côté des bords du Nil, une violente haine contre tout ce qui
est algérien. A ce moment, et bien avant l'arrivée de l'équipe nationale au
Caire, le score était de 3-1. Sur le papier, les ?'Verts» étaient partants pour
l'Afrique du Sud. Les deux présidents de fédération, à une semaine du match
retour, calmaient le jeu et affirmaient que cette rencontre ne saurait sortir
de son cadre sportif. Les esprits se chauffaient car les Egyptiens étaient
connus pour leurs coups fourrés lors des grandes rencontres de football. Le
traquenard égyptien ne sera pas cette fois-ci éventé. Car le président du
Conseil national du sport, Hassan Sakr, avait convié les présidents des
fédérations des deux pays, Raouraoua et son homologue égyptien Zaher, pour se
rencontrer au Caire avant le match, en présence de l'ambassadeur algérien
Abdelkader Hadjar, pour calmer les esprits et d'assurer ensemble le déroulement
de la rencontre dans de bonnes conditions.
Le traquenard Lors d'un point de presse, le président du Conseil du sport, Hassan Sakr, avait assuré que «l'équipe nationale algérienne sera accueillie comme il se doit et de garantir le bon déroulement de la rencontre pour donner une bonne image des deux pays». «Il est tout à fait normal qu'il y ait cette passion pour le match mais, au bout, il n'y aura qu'un seul représentant et que le meilleur gagne». Ensuite, «le président de la Fédération égyptienne de football (FEF), Samir Zaher, a assuré de «garantir le meilleur accueil pour la délégation algérienne avant, pendant et après la rencontre, tout en exhortant les supporters des Pharaons à soutenir leur équipe dans un fair-play total». Raouraoua, visiblement satisfait de ces assurances égyptiennes pour un bon déroulement de la manche retour, n'a pas trouvé mieux que de remercier les responsables égyptiens pour l'accueil chaleureux qui lui a été réservé et que «le vainqueur représentera le monde arabe». La réalité sera tout autre. Le 12 novembre 2009, le bus transportant la délégation sportive de l'aéroport à l'hôtel sera pris dans un terrible traquenard : des centaines de supporters égyptiens attaquent le bus algérien. C'était le scénario catastrophe, celui qui n'aura jamais été imaginé. Plusieurs joueurs sont blessés, la délégation sportive algérienne choquée, traumatisée. Et puis, dans toute cette violence gratuite contre la délégation algérienne, le Président de la fédération égyptienne de football accuse les joueurs algériens de faire de «la comédie». La guerre est dès lors ouverte. Une plainte officielle est déposée auprès de la FIFA, et la presse égyptienne se déchaîne contre l'Algérie, son histoire, ses symboles, sa révolution. Le match au Caire est perdu par l'Algérie, et un match d'appui est prévu à Khartoum. La guerre médiatique et entre les deux présidents ne fait que s'empirer, Mohamed Raouraoua refusant même serrer la main de son homologue égyptien à la veille du match de Khartoum. La réconciliation viendra, une année après, entre les deux hommes, et ce sont les Qataris qui en seront les organisateurs. C'est Cheikh Hamed Ben Khalifa, président de la Fédération qatarie de football, appuyé par le Cheikh Ben Hamam, président de l'Association asiatique de football, et par l'Egyptien Hani Abou Rida, membre de l'exécutif de la FIFA, qui sera l'initiateur de cette réconciliation. Mohammed Raouraoua et Samir Zaher se sont serré la main et ont accepté de se réconcilier, clôturant l'un des plus chauds chapitres des relations sportives entre les deux pays. Juste après cette poignée de main, Raouraoua et Zaher ont animé conjointement une conférence de presse pour annoncer leur réconciliation. Samir Zaher a ainsi reconnu «son erreur» après l'agression du bus de l'équipe algérienne. Il dira que «je reconnais que nous avons fauté avec nos amis algériens au Caire. Si c'était à refaire, je ne commettrai jamais cette erreur». «L'Algérie et l'Egypte demeurent des pays arabes associés par les liens de la fraternité». Mohamed Raouraoua répliquera de son côté que «nos deux pays resteront frères. Nous avons jugé que, dans l'intérêt du football des deux pays, il fallait mettre un terme au conflit, car il n'arrange aucune des deux nations. Que ce soit l'Egypte ou l'Algérie, les deux pays sont appelés à se croiser tôt ou tard en compétition africaine ou régionale, et la sagesse veut que les matches qui opposeront les sélections ou les clubs des deux pays se déroulent dans les meilleures conditions». Pour autant, il a précisé que «mon pays ne pardonnera pas à ceux qui ont insulté nos martyrs». Car, avant et après le match d'appui de Khartoum, les Algériens résidant en Egypte en ont vu de toutes les couleurs, et des étudiants algériens ont même été rapatriés. Alors que sur le front diplomatique, la pondération d'Alger, face aux dérapages médiatiques et politiques des dirigeants égyptiens, aura évité le pire. La page est-elle pour autant tournée définitivement ? Il faut le croire, car la Fédération égyptienne de football a décidé de réintégrer ses clubs dans les compétitions organisées par l'Union nord-africaine de football (UNAF), présidée par Mohamed Raouraoua. |
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