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Hier, à la raffinerie (RA1K) de Skikda, le ton est monté d'un cran au
sein des travailleurs qui ont tenu à exprimer massivement leur mécontentement
en observant un sit-in devant les bureaux de la Direction, après avoir attendu
vainement l'alignement de leurs salaires sur ceux des travailleurs de
Sonatrach, comme on le leur avait promis lors de la conclusion d'un contrat de
«fusion absorption» signé en date du 22 Juin 2009, portant réintégration de
leur ancienne entreprise, la défunte Naftec, au giron de Sonatrach.
C'est donc à la mi-journée et en dépit d'un temps relativement pluvieux, que des centaines de travailleurs ont afflué en direction du siège du complexe où ils se sont rassemblés durant une quinzaine de minutes, pour se disperser ensuite dans le calme. Une courte période durant laquelle le temps s'est arrêté. Pourtant, il n'y a pas eu d'incidence sur le travail, pas le moindre dérapage. La section syndicale, bien que n'ayant pas été impliquée directement dans ce mouvement, affichait malgré tout une réelle satisfaction face à l'esprit responsable qui a prévalu durant le sit-in. Les travailleurs se sont donné le mot pour la réussite de cette démonstration de force et amener les responsables de Sonatrach à tenir leurs engagements en mettant un terme définitif à l'injustice dont ils font l'objet. En effet, selon les échos que nous avons pu recueillir auprès des contestataires, au départ déjà et bien avant la fusion, de nombreuses voix se sont élevées contre la manière dont a été menée la réintégration de leur entreprise, à commencer par le partenaire social - le syndicat national Sonatrach - affilié à l'UGTA, qui a tenu à dénoncer sa marginalisation et s'en est plaint au PDG de Sonatrach par lettre datée du 10 octobre 2010. On apprendra ainsi que «Nonobstant l'importance de l'évènement (fusion Naftec-Sonatrach, ndlr), le partenaire social n'a pas été associé à la gestion de ce qui lui est demeuré imperméable, si bien que nous avons été confinés à participer à deux rencontres, sans plus, qui ont lieu avec l'ex DCG Ressources humaines et les points à prendre en charge sont restés en l'état, rendant la solution problématique avec le facteur temps?». En gros, les syndicalistes ne voulaient pas que cette transformation se fasse au détriment des intérêts des travailleurs et les réserves qu'ils avaient formulées à ce sujet au cours des négociations ont été balayées par les assurances qu'on leur avait données, à savoir l'alignement de leurs salaires sur ceux de leurs pairs de Sonatrach. D'ailleurs, les syndicalistes finiront par adhérer au principe de réintégration, facilitant le passage à la nouvelle organisation par un travail de sensibilisation de la base. Plus d'une année plus tard, ils durent déchanter. En effet, l'application des dispositions salariales contenues dans l'accord est encore au point zéro, ce qui les amènera à remettre sur le tapis cette revendication, non sans y greffer d'autres réserves stipulées dans la correspondance citée précédemment. Cependant, le point focal que le syndicat national redoute le plus porte sur le staffing des personnels, cadres supérieurs et moyens dans les organigrammes Aval/SH. La mise en œuvre du nouveau système de rémunération impliquant la dilution de tous les anciens éléments de salaire dans le nouveau salaire de base?, tous risques de confusion et d'éloignement de la logique qui engendrerait une transposition des postes donnant lieu à des positionnements de cadres titulaires de postes organiques vers des postes à filière ou à l'inverse, une pénalisation des cadres parfois mieux rémunérés que leurs collègues de Sonatrach dans le système ex-Naftec, en les frappant d'une IDR que l'ex-président d'Aval s'était engagé à soustraire? Enfin, la missive met en garde contre les conséquences pouvant survenir des suites d'une mauvaise prise en charge de ce dossier. Or, la justesse de la cause des travailleurs est confortée à travers la correspondance adressée par le vice-président Activité Aval au PDG de Sonatrach, datée du 2 novembre 2010, portant le n°1582/PV/RAF/10, qui repose le problème de «la grille de translation et salaires des cadres dirigeants». On y relèvera en substance : «Cela fait plus de quinze mois qu'aucune action n'a été entreprise et aucune volonté réelle n'est affichée pour trouver une issue, si ce n'est des demandes d'informations successives et pour lesquelles aucune décision concrète n'est émise par la DCG/RHU. Les démarches entreprises par le personnel de l'ex-Naftec n'ont donné aucun résultat à ce jour. Les engagements pris par la Direction générale de Sonatrach dans les dispositions du contrat de fusion-absorption et vos assurances réitérées, n'ont pas été suivis d'effet à ce jour. Il devient difficile de maintenir un climat serein au niveau des plates-formes de production qui ne cessent de réclamer les salaires et reliquats à la date d'intégration, à savoir le 1er juillet 2009". Plus récemment encore, le conseil syndical du RA1K informait le collectif des travailleurs des décisions arrêtées lors de réunions, dont l'une, «tenue le 10 novembre 2010 au siège d'Aval Oran, avec la participation des secrétaires généraux raffinage, des coordonnateurs Aval et le syndicat national Sonatrach et confirmé par le VP Aval le 11 novembre 2010 avec le conseil syndical et la direction RA1K». Ces décisions portent sur l'application de l'alignement sur la fiche de paie du mois de décembre 2010 sans perte ni IDR ; des fiches à blanc seront établies avant la paie du mois de décembre 2010, accord du rappel à partir du mois de juillet 2009 (salaire-prime-indemnités), accords sur la reconduction des avantages sociaux dans les délais les plus courts». Là aussi, soulignent les travailleurs, rien n'a été encore fait et les nerfs sont à fleur de peau. La manifestation pacifique d'hier à laquelle ont pris part les travailleurs se veut un rappel pacifique à l'adresse des responsables pour les amener à tenir leurs promesses. |
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