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Pendant que
certains des nôtres rivalisent de fourberie dans l'art de barboter dans les
caisses de l'Etat et ratent singulièrement des contrats récupérés au vol par
des homologues étrangers plus déterminés ou abandonnent honteusement, à cause
d'un ego mal assumé, le pays que leurs parents avaient libéré au prix
d'immenses sacrifices, quelques jeunes originaires d'une minuscule contrée
balayée par le sirocco de la fournaise moyen-orientale ont décidé de se mesurer
aux plus grands de toute la planète et de décrocher avec panache?
l'organisation de la Coupe du monde 2022. Rien que ça !
Une efficacité redoutable dans la confection et la négociation d'un dossier en béton qui a envoyé au tapis les meilleurs bureaux d'études concurrents, Us en tête ; et qui doit, au-delà de toute l'admiration légitimement méritée, nous donner sérieusement à réfléchir sur la fiabilité et la prédisposition à la compétition de nos propres moyens intellectuels dans la gestion d'affaires semblables. Quand on pense à toutes les déconvenues et revers de notre intelligentsia, malgré les sommes colossales englouties dans des forums, réunions de travail, missions et autres symposiums aux titres ronronnants mais d'une stérilité déconcertante. Rappelons-nous le fameux feuilleton pour capter les investissements directs étrangers demeurés sans lendemain. Honnêtement, la première idée qui vient à l'esprit serait, à n'en pas douter, l'urgente nécessité d'envisager une sérieuse évaluation de nos capacités managériales et surtout de reconfigurer notre degré de loyauté envers notre pays. A trop dormir sur nos lauriers, on s'est retrouvé pitoyablement à la queue du peloton ! Ce n'était ni un phénomène surnaturel isolé ni le fruit du hasard, encore moins le produit d'une quelconque combine. Ce petit Etat au bout du monde nous a déjà subjugué avec la fabuleuse chaîne télévisuelle « El Djazira » qui, par son professionnalisme, est devenue sans conteste une référence incontournable dans le champ féroce des médias internationaux. De grandes entreprises issues de cette région sont en train d'essaimer à travers le monde et d'investir dans de larges secteurs de la construction, de l'industrie, de la gestion des grands ports, des banques, des chaînes de tourisme, etc., autrefois chasse gardée des grandes nations. Il est temps pour ceux qui, avec un dédain non dissimulé, ne les évoquaient que sous les péjoratifs insultants de « bédouins ou de chameliers du désert » ainsi que beaucoup de nos génies de salon, perclus par l'arrogance et la prétention, de méditer avec humilité le haut degré de compétence et de responsabilité talentueusement administrées par cette équipe de jeunes Qataris. Personne ne peut cependant reprocher à l'Algérie d'avoir lésiné sur la formation ou même ergoté un seul instant sur la politique soutenue de perfectionner ses cadres. Malheureusement, en retour, les retombées de cette stratégie et les apports attendus dont le pays a tant besoin sont « bradés» gracieusement à d'autres pays qui n'ont engagé aucun centime dans cette action de qualification. Il s'est même trouvé quelques-uns parmi ceux qui ont profité à fond des largesses de la République pour se former qui n'hésitent pas aujourd'hui à pousser le ridicule jusqu'à conditionner leur retour et l'exercice de leur « talent » au pays par l'obtention préalable du statut de? coopérant technique étranger ! Quelle ingratitude ! Un chantage qui donne la nausée. En voyant l'évolution des autres pays vers le progrès alors que nous nous débattons dans une spirale sans fin de scandales que la presse rapporte chaque jour que Dieu fait, l'Algérien moyen a mal à son Algérie ! Il n'ose plus se comparer même au pays le plus mal loti de la planète. Il a mal de voir son pays patauger dans le marécage nauséabond de la corruption, de la drogue, du mal-vivre, des détournements et des accaparements effrénées des biens de la communauté, là où il est en droit de voir chacun de nous apporter sa pierre à l'ouvrage pour alléger son fardeau. Quel est chez nous le domaine qui peut procurer une quelconque satisfaction? Quand on fait le bilan, on est sidéré de constater l'étendue des échecs qu'aucune raison ne peut expliquer : l'agriculture qui ne peut pas assurer la majeure partie de l'alimentation ordinaire après plusieurs plans de relance qui ont consommé des sommes faramineuses, la santé dont les hôpitaux regorgent d'équipements flambant neufs et de dernière génération mais inutilisables pour différentes raisons ; de la petite panne, qu'on tergiverse à réparer, à l'immobilisation sciemment provoquée pour faire travailler la clinique du cousin; le tourisme dont on n'a plus qu'un vague souvenir et dont les structures se sont transformées en tripots mal famés; l'industrie et tous ses fleurons qui ont cédé la place à la pacotille taïwanaise et aux usines de yaourt et autres ersatz de chocolat; la culture où il n'est pas nécessaire d'être un observateur averti pour constater que pour chaque représentation : théatre, musique, etc., le nombre des acteurs sur scène est souvent supérieur au nombre de spectateurs dont la plupart sont ramenés pour faire de la simple figuration en donnant l'impression de goûter au plaisir de l'insipide manifestation. Quand allons-nous nous inquiéter de cette désaffection notoire du public et lui offrir quelque chose en rapport avec ses attentes ? On peut passer en revue toutes nos activités et procéder à une évaluation des résultats atteints, comparés aux incommensurables moyens engagés dans la réalisation. Que d'argent, que de temps, que de matière grise, que de moyens faramineux « mobilisés » pour aboutir le plus souvent à des déceptions cinglantes que nos grands technocrates imputent invariablement au système !Avec toutes les ressources dont l'Algérie a été dotée et que nous envient tant de pays, sommes-nous donc condamnés à traîner le boulet de la médiocrité et de rater lamentablement nos objectifs malgré tous les efforts des dernières bonnes volontés qui, heureusement, existent encore pour empêcher le pays de sombrer. Quelle est donc la contribution de notre diaspora, notamment l'élite expatriée, dans l'effort de développement national en matière de transfert de now how et de notre émigration en terme de capitaux et d'investissement? A part quelques timides tentatives à l'incidence tout à fait relative dans des domaines classiques que n'importe qui peut retrouver facilement dans des ouvrages tout à fait ordinaires, l'utilité et l'apport semblent des plus aléatoires. Dans la ressource humaine restée pour gérer les affaires au pays, il y a bien sûr ceux en attente de la première opportunité de partir au-delà des frontières et de servir les autres «pour quelques deniers de plus ». Ils s'arrangent pendant leur présence at home pour naviguer au pifomètre dans un environnement où le laxisme et l'impunité finiront par les transformer en vulgaires détrousseurs de la chose publique, capables de détourner les milliards par milliers avant de disparaître. Par lâcheté intellectuelle ou simplement pour des raisons de commodité morale avec sa conscience, nous mettons toutes ces tares sur le compte du système qui a toujours bon dos, parce que impersonnel, au lieu de rechercher les véritables causes et d'en confondre les auteurs. Le système, en supposant qu'il soit chez nous plus sadique que celui des autres, n'a jamais pourtant empêché un médecin de traiter correctement son patient ou à un enseignant de prendre à cœur sa noble tâche d'éducateur. Sans prétendre être la cité idéale, Qatar qui se trouve dans l'une des régions les plus inhospitalières et les plus arides de la terre s'est parée de tout le confort hit tech pour le bien-être de ses enfants et il continue à s'équiper davantage jusqu'à prévoir la climatisation des stades de football alors que chez nous, on n'arrive pas encore à maîtriser l'entretien du gazon. Comment peut-on se résigner à une frustration chronique et supporter l'agressivité de son drôle de quotidien lorsqu'on s'aperçoit qu'ailleurs, avec moins de moyens, ils sont capables de vous faire goûter, le plus naturellement du monde, aux bienfaits d'une ambiance conviviale dans des cités propres et avenantes. Rassuré par l'état des lieux d'où transpirent le sérieux et la discipline, on savoure goulument ces moments de franche communion au milieu des groupes de touristes de toutes les nationalités, déambulant paisiblement parmi des commerces et des terrasses de café où la prévenance d'un service impeccable et le sourire sincère des hôtes constituent l'irrésistible invitation. Personne n'est tenu de jouer au héros ni de faire des sacrifices mais au moins de faire un effort en reconnaissance de tout ce qu'a fait le pays pour lui, sinon d'avoir seulement la décence de ne pas chercher coûte que coûte des justificatifs à ces départs qui prennent l'allure de véritables saignées pour des considérations bassement égoïstes et de jouer par la suite hypocritement à l'exilé auquel manque terriblement la chaleur du pays. Sans tomber dans le discours démagogique, il est malheureusement devenu évident que, dans l'arsenal de nos moyens actuels, manque sans doute le plus important, celui qui a animé la génération de Novembre et lui a fait réussir l'une des plus grandes révolutions de l'Histoire contemporaine : l'abnégation et l'amour de la patrie. |
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