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Réponse de M. Dahou Ould Kablia A monsieur Nacer Boudiaf

par Dahou Ould Kablia

Je vous remercie très sincèrement de me fournir l'occasion de préciser ma pensée en ce qui concerne le cas de Salah Bouakouir.

 Il est à l'honneur du président Boudiaf d'avoir réhabilité la mémoire du grand militant Krim Belkacem et d'avoir baptisé de son nom une des artères les plus importantes de la ville d'Alger et j'estime, pour ma part, que c'est encore peu.

 Pour le cas de Salah Bouakouir, je n'ai jamais parlé de réhabilitation dans le sens où il faudrait remettre le boulevard en son nom. J'ai dit ce que certains de mes collègues du MALG, au courant des faits, n'ont cessé de dire à savoir que Bouakouir a apporté sa contribution au FLN, dès le début des années 61, en fournissant au MALG des informations sur la stratégie de négociation de la partie française sur le dossier du pétrole qui constituait, comme chacun peut l'imaginer, un des points d'achoppement, au cours des contacts précédant les négociations publiques. Ceux qui mettent en doute cette contribution n'ont qu'à se référer aux propos du président du GPRA Ferhat Abbès qui rappelle dans son livre «Autopsie d'une guerre», comment, se trouvant dans un hôtel de New Delhi, en même temps que Salah Bouakouir, celui-ci vint lui présenter ses respects et lui affirmer sa disponibilité à apporter son concours au FLN.

 La suite est moins connue, rencontre en Suisse avec Abdelhafidh Boussouf, puis mise en relation avec le responsable du MALG pour l'Europe, Nasser Ali Khodja, pour la réception, dans le plus grand secret, des documents souhaités.

 Je vous étonnerai en vous affirmant qu'après l'annonce faite par le général De Gaulle, le 16 septembre 1959, de permettre aux Algériens de décider de leur sort par la voie du référendum d'autodétermination, de nombreux Algériens très proches du pouvoir français, conseillers de ministères et parlementaires, se sont rapprochés d'un FLN assuré de la victoire, pour offrir leurs services. Le MALG en a utilisé quelques-uns, sans plus, pour des missions spéciales de transport d'armes et d'argent vers l'Algérie. Si on parle aujourd'hui de Bouakaouir plus que de ceux-là, c'est parce que sa contribution au FLN lui a coûté la vie.

 Pour ce qui est du cas de la baptisation du boulevard du Telemly à son nom, elle a été le fait de l'exécutif provisoire qui comprenait au moins cinq représentants du FLN et non de l'association du MALG qui n'existait pas en ce temps là, tout comme je réponds à votre question pourquoi le MALG n'en a rien dit en 1992?

 L'association des anciens du MALG a saisi à cette date, par lettre, la direction de l'Organisation nationale des moudjahidine, dirigée à l'époque par Ali Kafi, pour démentir l'attribut de traître qu'on lui collait à la peau avec les preuves avérées, sans aucune autre revendication que ce soit et surtout pas la remise en cause de la décision du président Boudiaf. Bien fraternellement.