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Affaire du réseau de trafic de cocaïne: Le «Subutex» reporte le procès

par Houari Saaïdia

En invoquant un vice de forme, les avocats de la défense ont réussi hier à, au moins, reporter le procès de l'affaire du réseau de trafic de cocaïne et de psychotropes destinés à une certaine clientèle fréquentant des boîtes de nuit sur la corniche oranaise. Au motif que le dossier d'accusation, sous le contrôle du juge, ne comprenait pas un rapport d'expertise relatif au produit dit «Subutex», objet incriminé saisi en possession des prévenus, la défense a réussi non seulement à gagner une semaine de plus dans le renvoi de l'affaire mais également à instiller le doute quant à la classification de ce médicament comme psychotrope prohibé par la loi. Réponse donc dans une semaine, à l'audience du 19 décembre, avec le «verdict» du laboratoire de la police scientifique d'Oran. En attendant, les sept mis en cause, des membres présumés d'un réseau de trafic de psychotropes et de drogue dure, demeureront en prison. Pour le parquet, il ne fait aucun doute : le «Subutex» saisi en possession des mis en cause est un psychotrope dont l'usage est formellement prohibé sans prescription médicale. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le président de l'audience ne disposait pas des moyens documentaires et des éléments d'information lui permettant de trancher cette question fondamentale. La défense en a profité pour exposer sa petite recherche sur ce fameux «Subutex», médicament dont le principe actif est la «buprenorphine » ou la morphine, utilisé dans le traitement de la toxicomanie avancée, en cas de dépendance à l'héroïne et qui doit être utilisé dans un cadre très rigoureux et parallèlement à une véritable prise en charge. Venons-en aux faits propres à l'affaire. Le démantèlement de ce groupe remonte au 23 novembre 2010, avec l'arrestation de S.M., 34 ans, navigateur dans la compagnie maritime ENTM. Dès le débarquement au port d'Oran du car-ferry en provenance de Marseille, ce membre de l'équipage de bord été contrôlé «positif» par la douane, 294 comprimés de «Subutex» ayant été trouvés en sa possession, cachés sous un bandage au niveau de sa jambe, selon le rapport d'enquête de la PAF du port d'Oran. Une somme de 2.000 euros et quelques paquets de «Marlboro» ont été également saisis chez cet agent. Il a été aussitôt arrêté et transféré à la brigade «anti-stupéfiants» du commissariat central d'Oran. Il n'en fallait pas plus pour que le navigateur vide son sac. Il a donné les noms de ses complices, dont B.S.A, 31 ans, qui l'attendait à bord d'une Renault «Symbol» non loin du port. Celui-ci a été cueilli sur place. Les investigations ont révélé que ce réseau avait des ramifications en France, la filière fournisseurs, et d'autres en Algérie, principalement sur la corniche oranaise, la filière vente. L'enquête a révélé en outre que ce groupe s'adonnait au trafic de la drogue dure, notamment la cocaïne, qui était vendue à 10.000 DA le gramme, alors qu'un seul comprimé de Subutex 08 mg était cédé à... 2.000 DA. Au total, neuf personnes sont accusées dans cette affaire, dont des émigrés en Europe, parmi elles six ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt dans le cadre de la procédure du flagrant délit. L'affaire reviendra donc à la barre, dimanche prochain.