Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, présentera un plan
pour le développement des énergies renouvelables devant le Conseil du
gouvernement avant la fin de l'année. C'est ce qu'a révélé hier le PDG du
groupe Sonelgaz, Nourredine Bouterfa qui était l'invité de la rédaction de la
radio chaîne 3. Ce plan interviendra huit ans après la promulgation, pour la
première fois en Algérie, d'une loi visant à développer les énergies
alternatives. Et l'invité de la radio de décliner la stratégie du groupe Sonelgaz:
«Pour faire l'économie du combustible, nous tablons sur le solaire autonome,
c'est-à-dire réaliser des centrales solaires dans le Sud algérien.» Toutefois,
M. Bouterfa soulève le problème de l'accès au financement. «De tels projets
nécessitent des investissements lourds dont la rentabilité ne peut être
réalisée qu'à long terme (25 à 30 ans). Le soutien de l'Etat est dès lors
impératif». Selon lui, le préalable pour l'exportation de l'énergie solaire est
de renforcer les interconnexions des réseaux électriques avec les futurs pays
clients de l'Algérie. M. Bouterfa a rappelé, dans ce sens, l'ambition de
l'usine de Rouiba visant à passer sa production de panneaux photovoltaïques de
50 à 10 mégawatts par an. Interrogé sur l'initiative Desertec visant à produire
dans le Sahara de l'électricité avec de l'énergie solaire pour fournir
l'Europe, M.Bouterfa a qualifié cette vision de «louable.» Et de rappeler
qu'«une telle vision était aussi la nôtre depuis 1993». «On se rejoint dans le
principe mais pas dans la forme. Nous voulons être des acteurs. C'est-à-dire
créer un développement technologique et industriel en Afrique du Nord», a-t-il
précisé. Y a-t-il des possibilités de partenariats avec Desertec et Transgreen,
rentrant dans le cadre du Plan solaire méditerranéen? «Nous n'excluons rien
pour l'instant», répond-il avec prudence. Par ailleurs, l'invité de la radio a
rappelé la stratégie de Sonelgaz visant l'intégration d'autres entreprises au
groupe, à l'instar d'Anelec et Armel, dans cet objectif de consolidation du
potentiel du groupe. «L'intégration d'Armel, qui est spécialisée dans la
réparation des moteurs électriques, a été validée par le Conseil des
participations de l'Etat (CPE). Nous sommes dans la phase de la formalisation
administrative», révèle-t-il. Selon lui, le but est de fabriquer les grands
moteurs électriques en Algérie. «A moyen terme, poursuit-il, nous voulons
fabriquer des équipements pour les centrales électriques (telles les turbines à
gaz), puisque l'Algérie en est un gros pays consommateur. Le marché national
est partagé entre les entreprises nationales (50%) et les entreprises
étrangères (50%)». Le groupe s'apprête à entamer une modification statutaire.
«Nous serons à la fois un groupe énergéticien et industriel», explique le PDG
de Sonelgaz qui pilote actuellement une myriade de 36 entreprises activant dans
les métiers. Pour financer son Plan de développement, le groupe prévoit un
investissement de 3.000 milliards de dinars à moyen terme. «Nous menons
actuellement des discussions avec le Trésor public pour pouvoir mobiliser
l'épargne des banques publiques», révèle M. Bouterfa. Pour améliorer le
transport et la distribution de l'électricité, le PDG de Sonelgaz pose le
préalable du règlement du problème de l'accès au foncier. «Nous voulons acquérir
un total de 250 hectares à travers les 48 wilayas du pays». Pour ce faire, M.
Bouterfa plaide pour «une procédure particulière unifiée». Enfin, Sonelgaz
s'apprête à lancer demain une campagne médiatique pour expliquer son nouveau
code de l'éthique censé «être appliqué tant sur le plan interne qu'externe du
groupe».