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Une baisse conjoncturelle, selon les spécialistes: Le poulet à 140 dinars le kilo

par J. B., R. B. & B. O.

Le prix du poulet connaît depuis un mois une baisse régulière, avons-nous constaté à travers l'ensemble des marchés de la wilaya de Chlef, ainsi que d'autres wilayas du pays. Le prix affiché aujourd'hui varie entre 140 et 150 dinars le kilogramme, alors qu'il était de l'ordre du double, soit 300 dinars, au cours du mois de septembre, voire au début du mois d'octobre.

Un aviculteur avancera trois raisons pour expliquer cette baisse. Tout d'abord, il y a une baisse de la demande, puis une baisse de la mortalité due au facteur climat et enfin une meilleure production. Sur ce dernier chapitre, en effet, les poulets sont de meilleure qualité (poids et chair du poulet). Cependant si la ménagère trouve son compte dans l'achat du poulet, il n'est pas certain que cela soit le cas de l'aviculteur qui doit faire face aux multiples charges de la production. En effet, en sus du prix de l'aliment qui ne cesse de grimper, il y a les taxes et les charges à payer. De l'avis de beaucoup d'aviculteurs, cette situation pourrait entraîner la faillite des éleveurs si la tendance à la baisse du prix du poulet se poursuit. D'où l'intérêt de promouvoir la filière du froid pour permettre le stockage de la surproduction qui inéluctablement agira sur la stabilité du prix du poulet de chair à un niveau raisonnable aussi bien pour le producteur que le consommateur.

 A Oran, les viandes blanches sont proposées actuellement à des prix très compétitifs par les établissements commerciaux installés dans les différents marchés de la ville, quoi que sensiblement supérieurs à ceux de Chlef, par exemple. En effet, le poulet est cédé entre 180 et 200 dinars le kilo, soit une baisse de prix d'un montant oscillant entre 80 et 120 dinars par rapport à la période d'avant l'Aïd El-Kébir. La célébration de la fête du sacrifice du mouton, qui est intervenue près d'une vingtaine de jours auparavant, est à l'origine de cette subite régression, selon certains bouchers spécialisés dans les viandes blanches. Une véritable aubaine pour les petites bourses, plus particulièrement celles qui n'ont pas pu respecter ce rituel et ce, en raison de l'insuffisance de leurs moyens financiers.

 Cependant, cette baisse ne sera vraisemblablement et malheureusement qu'éphémère car le poulet reprendra certainement son envol à la faveur de la célébration de la fête de Achoura. La cuisine est, en effet, rituellement célébrée pour cette circonstance avec le sacrifice d'un poulet. « Le prix de la viande blanche connaîtra à coup sûr une hausse dans les tout prochains jours. Nous sommes habitués au tangage des prix imposé par les spéculateurs. Ce n'est pas nouveau », a fait remarquer un père de famille, habitué du marché de la rue des Aurès. Les revendeurs de viandes blanches provenant de l'abattage clandestin, qui ont timidement refait leur apparition dans les souks de la ville, après une brève éclipse, fête de l'Aïd oblige, proposent la vente du poulet au détail à partir de 190 dinars le kilo voire moins.

 Cette baisse du prix du poulet est « conjoncturelle » et « logique », dira M. Mansouri, président de la chambre de l'agriculture de la wilaya d'Oran. « L'explication est toute simple. Comme chaque année après la fête de l'Aïd El-Adha, la demande sur la viande blanche baisse, vu la disponibilité de la viande rouge dans pratiquement tous les foyers. Aussi, après l'Aïd et ses dépenses, nombreuses sont les familles qui ne peuvent pas s'offrir du poulet et beaucoup d'autres qui ne le consomment que bien plus tard. Durant cette période, tous les abattoirs suspendent leurs activités. Une situation qui est à l'origine d'un cumul de production chez les éleveurs et, par conséquent, une fois la vente est reprise, l'offre dépasse la demande. Actuellement, le poulet vif est cédé à 130 dinars le kilo, alors que le poulet vidé est cédé à 180 dinars le kilo au niveau des abattoirs et les détaillants le cèdent entre 200 et 220 dinars. » Notre interlocuteur ajoute que la wilaya d'Oran compte 11 abattoirs de volaille agréés dont trois de grande capacité (jusqu'à 3.000 poulets/jour) et huit de petite capacité (entre 400 et 700 poulets/jour).