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Affiches anti-algériennes: Le Pen relaxé

par Moncef Wafi

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi dernier, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, 82 ans, poursuivi pour incitation à la haine envers la population musulmane, à travers des affichettes de campagne placardées par la section jeunesse du parti de l'extrême droite, le FNJ, dans la région Alpes-Provence-Côte d'Azur, dans laquelle Le Pen conduisait la liste pour les régionaux, et reprises sur des sites internet. Le tribunal n'a pas jugé le dossier sur le fond mais a débouté, pour des questions de forme, les deux associations (Licra et SOS Racisme) qui avaient intenté ce procès contre le député européen qui risquait deux mois de prison avec sursis, 20.000 euros d'amende et un an d'inéligibilité. Pour les juges, l'accusé n'était «ni l'auteur de l'affiche en cause, ni le responsable des sites sur lesquels elle avait été diffusée».

Auparavant, le ministère public avait stigmatisé «la violence» de l'affiche, dont le seul but est de «susciter un sentiment de peur et de rejet dans l'électorat français». L'avocat du FN, Me Wallerand de Saint-Just, a axé sa plaidoirie sur l'amalgame du duo «islamisme», «islam» que beaucoup de Français ne différencient pas en déclarant que l'affiche litigieuse disait «Non à l'islamisme» et pas non à l'islam. Rappelons que cette affaire trouve son origine dans le référendum suisse contre les minarets sous forme d'une plainte déposée par le concepteur de l'affiche utilisée lors de la campagne électorale contre le Front national de Le Pen. Le directeur de l'agence de création graphique Goal, Alexander Segert, derrière l'affiche en question, cherchait alors à travers ce dépôt de plainte à se défendre contre toute accusation de politisation de son agence en déclarant ne travailler ni pour des partis de l'extrême gauche, ni ceux de l'extrême droite.

Le FN, voulant surfer sur la vague helvétique qui a interdit, après un référendum à l'initiative des membres du parti UDC (droite populiste), la construction de nouveaux minarets sur son sol, a comme dans ses habitudes versé dans la surenchère xénophobe et antisémite. S'attaquant à l'islam et à l'Algérie, la section jeunesse du parti de l'extrême droite, le FNJ, a placardé dans la région Alpes-Provence-Côte d'Azur, région dans laquelle Jean-Marie Le Pen conduit la liste pour les régionales, une affiche pastichant celle de Goal. En effet, on peut voir sept minarets en forme de missiles plantés sur une carte de France, couverte des couleurs et des symboles du drapeau algérien, et une silhouette de femme portant un voile intégral noir. Cette polémique est survenue en pleine campagne électorale pour les élections régionales en France. Le FN, fidèle à sa ligne conductrice, avait joué sur la fibre de l'insécurité pour mobiliser ses troupes rognées par l'offensive sarkozienne qui a bousculé la formation de Le Pen jusqu'au dans ses propres principes fondamentaux. Ce verdict augure du procès en appel de Brice Hortefeux dans l'affaire dite de l'Auvergnat.