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Rezzag-Bara : «Il ne faut pas exagérer la menace de l'Aqmi»

par Amine L.

« Les pays de la région du Sahel ont la pleine capacité de maîtriser les réponses appropriées à l'importante menace du terrorisme. Nous rejetons absolument toute tentative d'ingérence extrarégionale. Oui au partenariat qui respecte la souveraineté des pays de la zone», a réitéré hier, à partir de Londres, sur les ondes de la chaîne III, Kamel Rezzag-Bara, conseiller à la présidence de la République sur les questions de terrorisme.

 M. Bara préside la délégation algérienne aux travaux à Londres du groupe de contact bilatéral de coopération algéro-britannique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. «Nos partenaires majeurs, dont la Grande-Bretagne et les USA, sont conscients de la justesse de nos positions liées à la non-ingérence. Le Conseil de sécurité de l'Union africaine a le même point de vue que nous», a rappelé M. Rezzag-Bara. «Le risque terroriste est encore latent. Il est transnational. La menace est là. Il existe un certain nombre de groupes terroristes qui se réclament d'Al Qaïda qui essayent de sanctuariser la région du Sahel. Il ne faut pas exagérer la menace de l'Aqmi mais il ne faut pas l'ignorer aussi. Nous devons maintenir un grand niveau de mobilisation populaire», a déclaré l'invité de la chaîne III. «Depuis 2003, la spécialité de l'Aqmi est la prise d'otages d'étrangers. De nos jours, toute la zone, qui vivait de l'activité touristique, est isolée», a-t-il constaté. «L'Algérie et la Grande-Bretagne ont discuté des questions de prohibition de paiement des rançons, un point de complète convergence entre les deux pays», a affirmé l'invité de la radio, faisant savoir que «les deux pays ont discuté des initiatives à prendre en commun afin d'élargir ce consensus à d'autres membres de la communauté internationale, notamment au niveau des comités spécialisés au Conseil de sécurité des Nations unies». «Il est nécessaire de prendre dans les formes appropriées des résolutions plus contraignantes visant à criminaliser le payement des rançons», dira-t-il. «Payer les rançons est une forme de financement du terrorisme. Nous sommes en train de progresser dans nos efforts de convaincre de plus en plus de partenaires de la justesse de nos positions. Plus vous payez les rançons, plus vous augmentez le risque d'autres prises d'otages», a considéré le conseiller à la Présidence.

 Kamel Rezzag-Bara s'est félicité du fait que des partenaires majeurs sur la scène internationale approuvent l'initiative algérienne de criminaliser le payement de rançons aux groupes terroristes. Selon lui, il existe aujourd'hui des preuves concrètes de la jonction entre le terrorisme et la grande criminalité à l'image de la contrebande, du trafic de drogue et de l'émigration clandestine. «L'Algérie joue un rôle central dans la coordination sous-régionale pour lutter contre la menace de l'Aqmi. Les Britanniques le disent: l'Algérie a développé une connaissance approfondie et une bonne expertise sur ce phénomène terroriste qu'elle a payé à un fort prix. Beaucoup de pays nous sollicitent pour échange d'informations. Nous mettons notre expertise à la disposition de la communauté internationale et des Nations unies», a encore ajouté M.Rezzag-Bara. «L'Algérie, poursuit-il, a pris des initiatives dans le cadre d'une feuille de route. Ces dernières consistent en l'installation du comité d'état-major mixte des pays du Sahel saharien à Tamanrasset et la centrale d'échange d'informations à Alger».

 La première réunion du groupe bilatéral algéro-britannique de coopération sur la lutte contre-terrorisme a eu lieu en mars dernier à Alger. «Le but de ces réunions est de structurer un dialogue et d'échanger des analyses périodiques sur la lutte contre le terrorisme transnational et sur le meilleur moyen de coordonner nos efforts pour contrer cette menace globale», a-t-il expliqué. «L'Algérie, qui a développé une connaissance approfondie de la menace du terrorisme, des modes opératoires des terroristes, a toujours prôné la primauté du politique pour mettre un terme à la tragédie», a-t-il réitéré.