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Interdiction d'exportation des déchets ferreux : De la casse chez les ferrailleurs

par Salah C.

La mesure d'interdiction d'exportation des déchets ferreux est entrée en vigueur le mardi 29 novembre, après l'expiration de la période de grâce accordée aux entreprises de récupération d'écouler leur stock depuis le mois de juillet dernier, date de la promulgation de l'article 43 de la LFC 2010.

Les incidences de cette disposition sont beaucoup plus perceptibles au niveau des entreprises publiques, avec l'entame déjà au niveau de celles de l'Est et du Centre d'un plan de compression d'effectifs, avec les contractuels comme premières victimes.

 A Oran, même si aucune mesure du genre n'a encore été prise, l'inquiétude règne au sein des travailleurs, avec comme indicateur la suppression des primes au cours des derniers mois, des primes qui équivalent à près de 50% du salaire net. En clair, le versement des salaires ne peut durer indéfiniment et les perspectives professionnelles s'annoncent des plus aléatoires en l'absence de toute solution intermédiaire pour la préservation de l'emploi.

 Pourtant, le partenaire social et notamment les syndicats des trois entreprises publiques ont entrepris plusieurs démarches auprès de la tutelle, à savoir la SGP Translob, ainsi que la Fédération nationale des travailleurs de la métallurgie, afin de reconsidérer cette mesure. Aussi et afin d'interpeller les hautes instances du pays et en plus d'une lettre adressée au président de la République, les représentants ont organisé une journée de protestation ainsi qu'un sit-in devant le siège de la SGP avec l'espoir d'organiser une rencontre (partenaire social, direction et fédération) afin de trouver la solution la moins coûteuse. Mais cette option n'a pas reçu l'écho favorable, selon le premier responsable syndical de l'entreprise de récupération de l'Ouest. Le secteur de la récupération des déchets ferreux et non ferreux emploie près de 40.000 personnes pour 38 entreprises, dont seulement trois entreprises publiques.

 Si la mesure d'interdiction de l'exportation a permis aux opérateurs privés de se reconvertir en traiteurs de déchets ferreux et non ferreux pour la production de lingots d'aluminium et de grenailles de cuivre destinés à l'exportation, des matières premières très cotées sur le marché mondial, les opérateurs publics demeurent attentistes en dépit, d'une part, d'un stock inestimable et, de l'autre, des conditions objectives pour la reconversion.

 Par ailleurs, encouragés par l'obtention du second cahier des charges, les exportateurs affirment avoir réalisé des investissements très lourds sur fonds propres. «Notre corporation espère des mesures qui nous remettraient dans nos droits légitimes et qui nous redonneraient l'espoir d'une très prochaine reprise de nos activités, avait noté le comité national des exportateurs de déchets des métaux ferreux et non ferreux dans une correspondance au chef de l'Etat.

 Les exportateurs ont manifesté leur intérêt à participer à la définition d'un programme de travail en vue de fournir toutes les entreprises, publiques et privées, susceptibles de transformer les déchets en produits nobles, pouvant être utilisés pour les besoins de l'industrie au même titre que cela se fait déjà pour les ferrailles ainsi que les fontes et certains métaux (aluminium, plomb, laiton). Ces mesures, selon les professionnels, permettraient de mettre fin aux activités de contrebande, portant un lourd et constant préjudice à l'économie nationale.

 Aussi, les récupérateurs considèrent qu'à moyen terme, cette mesure aura des retombées négatives pour le Trésor, évaluées à des millions de dollars, dans la mesure où l'exportation des déchets ferreux constitue l'une des plus importantes sources de rentrées en monnaie forte après les hydrocarbures.

 Suite à la décision d'interdire l'exportation des déchets de métaux ferreux, les exportateurs regrettent que cette interdiction les ait mis tous dans le même sac, au lieu de sanctionner les receleurs et les opérateurs défaillants. La grande question qui demeure posée est le devenir de pas moins de 200.000 tonnes de déchets ferreux et non ferreux produits annuellement, et ce en l'absence d'unités de traitement.