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Exit le plan Einsenstadt, voici le NAPEO

par Kharroubi Habib

La conférence sur l'entrepreneuriat EtatsUnis-Maghreb, qui s'est ouverte hier et se poursuivra aujourd'hui, intervient après le Sommet présidentiel sur l'entrepreneuriat organisé les 26 et 27 avril dernier à Washington, avec la participation d'investisseurs, d'universitaires et de dirigeants de réseaux d'entrepreneurs de plus de quarante pays musulmans.

 Elles sont l'une des traductions pratiques de la volonté exprimée par le président Barack Obama, après son investiture, d'instaurer et de renforcer la compréhension et la coopération entre le monde musulman et les Etats-Unis.

 Participent à la conférence d'Alger, organisée conjointement par le département d'Etat américain et le réseau US-Algeria Business Council, des décideurs économiques maghrébins et américains, de jeunes entrepreneurs, ainsi que des représentants de réseaux de diaspora originaires de la région.

 Dans son allocution d'ouverture des travaux de la conférence, le secrétaire d'Etat adjoint américain à l'économie, José W. Fernandez, venu pour la circonstance à Alger, a annoncé le lancement d'une initiative américaine de partenariat avec les pays du Maghreb intitulée «Partenariat nord-africain pour les opportunités économiques» (NAPEO).

 Selon ce responsable américain, «le NAPEO a pour ambition d'aider les entrepreneurs, particulièrement les jeunes, à devenir dirigeants et propriétaires d'entreprises et à encourager les partenaires des milieux d'affaires et universitaire, des organisations scientifiques et autres commerciales à travailler étroitement pour le renforcement de leurs relations commerciales». José W. Fernandez a précisé que ce nouveau partenariat «s'articule autour de trois volets, à savoir la création d'un institut virtuel nord-africain des opportunités économiques, un réseau social d'hommes d'affaires et de jeunes entrepreneurs, une conférence annuelle Etats-Unis-Maghreb sur l'entrepreneuriat et des conférences régulières de gouvernement à gouvernement sous les auspices du NAPEO.

 Pour les pays du Maghreb, du moins pour l'Algérie, l'initiative lancée par les Etats-Unis est une démarche innovante qui tranche avec les approches des Européens et autres.

 Pour ce qui est de l'Algérie, il s'agit de savoir si elle va se saisir de cette opportunité et donner corps à l'esprit que véhicule l'initiative américaine. En faisant cette interrogation, c'est bien entendu à l'Algérie officielle et administrative que l'on fait référence. Saura-t-elle en effet créer chez elle le climat et les conditions qui feront que ses hommes d'affaires et jeunes entrepreneurs puissent bénéficier des mêmes chances qu'ont leurs homologues américains qu'ils rêvent d'imiter ?

 Au cours du débat télévisé qui a précédé l'ouverture de la conférence, les intervenants algériens ont soulevé avec amertume cet aspect du problème et mis en évidence les difficultés que rencontrent chez nous les aspirants à créer des entreprises.

 Pour les Etats-Unis en tout cas, leur initiative est une manière très subtile de renforcer leur influence dans la région. Ils s'offrent l'opportunité de donner le modèle américain en exemple sous un angle très accrocheur pour les Maghrébins qui vont être concernés par la mise en œuvre du NAPEO. A long terme, leur démarche, qui consiste à miser sur le dialogue avec les sociétés civiles du monde musulman et l'instauration d'un partenariat économique dont les protagonistes, américains et musulmans, agissent et réalisent en dehors des sphères officielles, sera très certainement plus productive que celles des autres acteurs étrangers qui veulent eux aussi pénétrer et s'installer dans ce monde musulman.