Huit personnes ont été placées sous mandat de dépôt en fin de semaine
écoulée par le procureur de la République près le tribunal de Azazga, 35 km à
l'est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, et ce, dans le cadre de
l'enquête sur un réseau de faussaires de documents d'état civil afin d'obtenir
la nationalité française, apprend-on. Alors que 27 autres personnes
interpellées dans le cadre de la même enquête ont été laissées en liberté
provisoire. Pour rappel, l'affaire a éclaté en juillet dernier après
l'interpellation d'un employé de la commune de Aït Khelili dans la daïra de
Mekla. Après la perquisition de son domicile ordonnée par le procureur de la
République près le tribunal de Azazga qui avait agi suite à une lettre anonyme
envoyée depuis le territoire français et faisant état de cas d'obtention de
nationalité française avec de faux documents délivrés au nom de cette
municipalité, les services de sécurité ont mis la main sur du matériel utilisé
pour la confection de ces faux documents (un ordinateur, un scanner, une
imprimante, des imprimés d'état civil vierges et autres outils très
sophistiqués) ainsi qu'une importante somme d'argent et des dossiers prêts à
être cédés pour un montant variant entre 25 et 30 millions de centimes pour
chacun des demandeurs. Ces dossiers contiennent toutes les pièces, bien entendu
falsifiées, pour demander la nationalité française. Selon une source proche de
l'enquête, le principal instigateur de ce trafic, un employé de la mairie de
Aït Khelili qui a érigé une véritable « administration » chez lui spécialisée
dans la falsification des documents d'état civil. La localité de Aït Khelili
n'est pas à son premier réseau de faussaires pour obtenir le certificat de
nationalité française. En 2007, un premier réseau dirigé également par un
employé de la mairie a été débusqué et ses membres ont été jugés l'année
suivante par le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou. L'employé mis en
cause dans cette affaire a été condamné à la peine de 07 années de prison
ferme. Enfin, selon certaines sources, plus de 300 personnes auraient obtenu la
nationalité française avec de faux documents délivrés par ce réseau. En
l'espace de trois années, entre 2007 et 2010, pas moins d'un millier de jeunes
et moins jeunes originaires de la Kabylie ont frauduleusement acquis la
nationalité française. Et depuis l'éclatement de la première affaire, les
services de l'état civil de la région sont constamment saisis par leurs
homologues français pour les besoins d'authentification des documents déposés
par des émigrés natifs de la région.