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Instauration du professionnalisme en Algérie: Entre bricolage et conservatisme

par Kamel Mohamed

A peine huit journées se sont écoulées après le coup d'envoi du premier championnat de football professionnel en Algérie et voilà que les clubs s'alarment, ne sachant plus où donner de la tête. Ces clubs ne voyaient en le professionnalisme que les subventions et les aides financières promises par l'Etat. Ils s'en prennent ainsi aux walis qui n'ont pas mis à leur disposition des assiettes de terrain pour l'édification des centres de formation et, mieux encore, ils exigent que la superficie (2 hectares) soit revue à la hausse. Ils attendent aussi les faramineuses sommes d'argent promises par l'Etat, tout en exigeant que les dettes antérieures des clubs soient carrément effacées. Au ministère de la Jeunesse et des Sports, on s'est rendu compte qu'il est difficile de passer au professionnalisme avec des présidents ayant géré des clubs pendant des décennies avec l'esprit d'amateur. En ce sens, malgré la création de sociétés sportives par actions, l'écrasante majorité des clubs demeurent gérés de manière amateur. En témoignent les conflits au sein de ces clubs liés au non-paiement des joueurs. En même temps, des dirigeants de ces mêmes clubs sont contestés par ce qui est appelé l'opposition alors que les portes de ces nouvelles sociétés restent fermées aux éventuels repreneurs ou investisseurs. Au MJS, on estime qu'avec cette gestion, ces clubs risquent de faire capoter l'instauration du professionnalisme. Autrement dit, les présidents qui se plaignent du manque de fonds auraient dû céder leur place à des investisseurs capables de renflouer les caisses des clubs et de les reprendre, commente-t-on. Or, avec la fameuse «évaluation matérielle et immatérielle» des clubs, des présidents surenchérissent et ralentissent le passage de ces clubs du statut d'amateur à celui de professionnel. Ainsi, ceux qui sont appelés les «conservateurs» ou plutôt les adeptes de la gestion amateur ont toujours la peau dure, ce qui explique le louvoiement d'un nombre de présidents de clubs.

 Ces derniers ont tenté de s'en prendre à la FAF en initiant des «réunions de concertation». Ils se sont rendu compte de la faiblesse de la Fédération, du fait des mauvais résultats de l'équipe nationale, du boycott au début de cette saison de la compétition par les clubs de la Nationale ainsi que des récentes déclarations du président de la JSK. Selon des présidents de club des Ligues 1 et 2, «il y a un manque de solidarité entre ces clubs en ce qui concerne la démarche à entreprendre pour faire valoir leurs droits dans le cadre de l'instauration du professionnalisme».

 Ayant eu vent de la «fronde» de certains clubs, la FAF a réagi en prenant des décisions à la hâte, selon un membre du bureau fédéral. Il a étayé ses «révélations» en faisant savoir que le bureau fédéral de mercredi dernier n'a pas pris de décision concernant le prêt d'un million de dinars accordé aux clubs. Il en est de même pour la décision de porter le nombre de joueurs à recruter durant le mercato d'hiver à cinq.

 Ces décisions ont été prises suite à la réunion des présidents de clubs, lesquels avaient décidé de mettre la pression sur la FAF. En effet, le communiqué ayant sanctionné la réunion du bureau fédéral n'a pas fait référence à ces deux mesures (le prêt et le transfert des joueurs). Mais la FAF s'est empressée de satisfaire une partie des revendications de ces clubs pour juguler leur révolte. En attendant, les clubs sont mécontents, la FAF réagit par à-coup et le MJS s'en tient à la réglementation.