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Ils acheminaient la drogue dans des camions de fruits et légumes: Vingt ans de prison pour trois trafiquants

par Houari Saaïdia

Le kif était acheminé de Maghnia à Oran par camions. Dissimulée sous des cargaisons de fruits et légumes, la drogue atterrissait dans les halles centrales. A partir de ce point de transit, une autre «filiale» de pourvoyeurs d'Oran se chargeait de transporter la marchandise vers un autre lieu où elle sera détaillée. Tel était le mode opératoire du réseau de trafic de drogue qui était hier au box du tribunal criminel d'Oran. En fait, les trois mis en cause qui comparaissaient hier à la barre ne constituaient qu'un des maillons de ce cartel aux multiples ramifications. Ils devaient répondre de «détention et commercialisation de stupéfiant au moyen d'une organisation criminelle».

 Le démantèlement de ce groupe a été le fruit de plusieurs mois d'investigations, filatures et mise sous écoute téléphonique. Le moment opportun venu, à l'occasion d'une opération d'acheminement de 175 kilos, les enquêteurs ont décidé de passer à l'acte. Ce jour du 7 juillet 2009, vers les coups de 3 heures, O.K., qui conduisait un camion chargé de légumes, est intercepté par les gendarmes près de Hammam Boughrara, non loin de Maghnia. «Vous transportez quoi là ?», l'interrogent les gendarmes. «Comme vous voyez bien, des légumes?», répondit-il, la voix légèrement tremblotante. Il est prié de descendre et de rabattre les ridelles. On passe à la fouille du pick-up. Les cageots sont déchargés un par un.      L'«écorce» complètement décortiquée, le «noyau» apparaît enfin : des paquets emplis de haschich d'un poids total d'un quintal et 75 kilogrammes. Le camionneur passe aux aveux ; il donne les noms de ses complices, dont deux seront appréhendés, à savoir ceux qui recevaient la marchandise au marché de gros d'Oran et l'acheminaient vers une maison dans la même ville.        D'après les faits consignés dans le dossier d'accusation, le principal fournisseur de ce réseau est un baron marocain nommé Bouazza Mourad. Celui-ci expédiait la marchandise vers l'autre bout de la frontière à dos d'âne. Les bêtes de somme n'avaient guère besoin d'accompagnateur pour accomplir la mission; elles pouvaient faire le chemin même les yeux fermés. «Ces bêtes ne sont pas pour autant accusées dans cette affaire», ironisait un avocat dans le couloir des pas perdus au moment où juges et jurés délibéraient sur le sort des trois présumés trafiquants. Pas moins de cinq opérations réussies sont à l'actif de ce réseau.

 Le représentant du ministère public a requis la réclusion à perpétuité contre les accusés tout en bloc. Ils ont été condamnés tous trois à 20 ans de réclusion, après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.