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Si la souveraineté nationale se mesurait à la qualité de sa monnaie de
papier, l'Algérie serait sûrement classée parmi les derniers de la classe. «Ces
billets de 200 dinars usés, sales et réformés me font honte. Quand la préposée
au guichet a mis des liasses de billets de banque de 200 dinars sur le
comptoir, je me suis senti écrasé par le mépris», s'indigne ce professeur de
médecine au CHUO rencontré à la sortie d'un bureau de poste. Cette sensation de
honte, associée à un profond sentiment d'humiliation, est partagée par presque
tous les usagers des bureaux de poste et les autres banques publiques. «Ces
billets de 200 dinars sont dans un état pitoyable. C'est de l'argent sale au
sens propre du terme.
Ces billets qui tombent en lambeaux dégagent une odeur désagréable», lance, en émoi, ce jeune employé. Qui a dit que l'argent n'avait pas d'odeur ? «J'ai été surpris le jour de la perception de mon salaire par la qualité des billets de 200 dinars qui dégageaient un relent de ciment, d'essence, de poisson et de poussières. Il m'a fallu user d'ingéniosité pour dissimuler ces liasses volumineuses de papiers de peur des malfrats qui rôdent aux alentours du bureau de poste», témoigne ce jeune homme. Les vieux billets de 200 dinars qui ont fait, il y a belle lurette, leur temps sont honnis par les citoyens. Les critiques acerbes des usagers sont devenues monnaie courante dans les agences postales. «Ces billets molestés durant plusieurs années par les mains doivent être retirés de la circulation. Ils offrent aujourd'hui une piteuse image de la souveraineté de l'Etat», soutient un usager. Ces billets de 200 dinars sont sales, déchirés, scotchés et griffonnés en marge par des notes et autres expressions. La situation devient de plus en plus préoccupante ces dernières semaines, puisque la quasi-totalité des transactions dans les bureaux de poste et en particulier les retraits CCP sont effectuées par des billets «réformés» de 200 dinars. A ce propos, le directeur de wilaya d'Algérie Poste précise: «Nous avons reçu un grand arrivage de billets de 200 dinars de la Banque d'Algérie. Nous sommes contraints d'utiliser ces billets de banque pour verser les salaires et autres pensions aux usagers». La Banque d'Algérie aurait en fait eu recours à ces billets en piteux état pour régler le problème de manque de liquidités dans les agences postales et les banques publiques. |
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