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Un ex-détenu de Guantanamo porte plainte contre l'Etat danois

par Amine L.

Un Danois, d'origine algérienne, ancien prisonnier de Guantanamo, Slimane Hadj Abderrahmane, a porté plainte contre l'Etat danois, pour «complicité dans les violations des droits de l'homme qu'il a subies dans le centre de détention en Afghanistan et à la base américaine à Cuba». C'est ce qu'a annoncé, avant-hier, son avocat. «Il a assigné en justice le ministère de la Défense devant le tribunal de Copenhague», a affirmé Me Tyge Trier, précisant que son client considère le ministère coresponsable de la torture que lui avaient infligée les autorités américaines au centre de Kandahar en Afghanistan et à Guantanamo durant près de deux ans de détention.

 Slimane, 37 ans, relate avoir «subi un traitement en violation de la Convention européenne des droits de l'homme qui interdit tout traitement dégradant et inhumain». Il demande le paiement de 6.700 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice physique et moral qu'il a enduré. Arrêté en décembre 2001 au Pakistan, il avait été livré à l'armée américaine en Afghanistan avant d'être libéré de Guantanamo en février 2004 et rapatrié au Danemark. Slimane était le seul détenu danois de Guantanamo. Il avait déclaré dans la presse danoise qu'il s'apprêtait à rallier la Tchétchénie pour faire le djihad aux côtés de ses «frères musulmans» contre les Russes avant d'être emprisonné.

 Invité par l'agence Ritzau à commenter cette assignation, le ministre danois de la Justice, Lars Barfoed, a affirmé que l'Etat danois rejettera cette plainte, invoquant qu'«il n'y a aucune raison de penser que les autorités danoises ont été complices de ce qui s'est passé à Kandahar et à Guantanamo».

Les autorités britanniques avaient décidé de verser, la semaine dernière, des indemnités à 16 anciens détenus de Guantanamo qui avaient porté plainte contre Londres pour complicité dans les traitements subis. Selon la presse londonienne, le montant des dédommagements pourrait s'élever à plusieurs millions de dollars.

Le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague a défendu la semaine dernière à New York le versement par son gouvernement d'indemnités à 16 anciens détenus de Guantanamo, le jugeant essentiel pour la sécurité nationale. M. Hague a souligné devant la presse à l'ONU que «le gouvernement britannique aurait eu du mal à se défendre sans compromettre la sécurité nationale» si des procès avaient eu lieu. Il a expliqué que l'accord avec les anciens détenus allait permettre l'ouverture d'une enquête officielle sur les accusations de complicité britannique dans les mauvais traitements infligés à Guantanamo. Cette enquête «n'aurait pas pu avoir lieu si nous avions dû être confrontés à des années de procès qui auraient été une gêne énorme pour nos services de renseignement», a-t-il dit. Les prisonniers affirment avoir été torturés avec la complicité des Britanniques, a annoncé la semaine dernière la chaîne de télévision ITN. Selon cette dernière, un des ex-détenus obtiendrait plus d'un million de livres (1,6 million de dollars, 1,1 million d'euros).

Un autre ancien détenu de Guantanamo de nationalité syrienne, Abdulrahim al-Ginko, réclame un dédommagement financier aux Etats-Unis pour les «mauvais traitements» et «tortures» subis pendant

plus de sept ans, une première depuis l'ouverture de la prison en 2002. Entre juillet 2008 et janvier 2009, dix Algériens ont été transférés de Guantanamo vers l'Algérie. Deux d'entre eux, accusés d'appartenance à un groupe terroriste actif à l'étranger, ont ensuite été acquittés par un tribunal algérois.