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Les permanences ont-elles fonctionné ?

par A. Mallem

Alors que les représentants des différents secteurs invités sur le plateau de l'émission «Préoccupations» de la radio régionale de Constantine, lors son édition du jeudi dernier, estimaient que le système de permanences instauré durant les journées fériées de l'Aïd El-Adha avait fonctionné à 92 %, les auditeurs sont intervenus en masse sur les ondes pour faire entendre un son de cloche très différent.

 Ces derniers ont parlé des difficultés qu'ils ont rencontrées durant les jours de l'Aïd, notamment auprès des services des urgences dans quelques structures de la santé publique et également pour trouver des médicaments dans les officines pharmaceutiques. Mais à vrai dire, ils n'ont pas remis en cause la permanence des structures de santé publique qui, dans toutes les communes, sont restées ouvertes H24.

 Ainsi, un auditeur de la nouvelle ville Ali Mendjeli a assuré avoir ratissé la ville à une heure du matin sans trouver une seule pharmacie ouverte. Un autre de Aïn Smara affirme que les prestations de service au niveau de l'EPSP de la ville sont nettement insuffisantes, de sorte que les citoyens sont systématiquement orientés vers le CHU de Constantine, même pour des soins anodins. Un troisième de la cité Boudraa Salah s'est plaint d'avoir été refoulé de l'hôpital pédiatrique de Sidi-Mabrouk dont le médecin de permanence aurait refusé d'examiner son enfant.

 En réponse à ces doléances, le représentant de la direction de la santé promet d'ouvrir une enquête pour vérifier le bien-fondé de ces déclarations et prendre des mesures. Un praticien du service des urgences chirurgicales du CHUC a cru bon de téléphoner pour préciser à ce propos qu'il y a beaucoup de « faux malades » qui se présentent à son service pour des soins bénins, lesquels pourraient être dispensés dans les structures de santé de proximité. En ce qui le concerne, le responsable du syndicat des pharmaciens, le SNAPO, répondra en définissant d'abord la notion de l'urgence avant de préciser que la permanence des officines était assurée jusqu'à minuit et que celle-ci a bien fonctionné dans les 12 communes de la wilaya. «Cela a été rendu possible parce que nous avons travaillé en étroite relation avec la direction de la santé», dira-t-il.

Passant au problème de la disponibilité du lait en sachet, le directeur commercial de la laiterie Numidia, seule unité de production du secteur public existant sur la place, est intervenu pour égrener une série de chiffres records sur la production de son unité durant les derniers mois avant de déclarer son étonnement lorsqu'il entend parler de pénurie. «Cela est provoqué par les citoyens qui font des achats exagérés et stockent le lait», affirme-t-il. C'est le moment que choisit un auditeur pour intervenir en assurant avoir vu de ses propres yeux, chaque jour, des camions de distributeurs privés cédant leurs quotas à des spéculateurs une fois le portail de l'unité franchi. Ce à quoi le représentant de l'unité de production répondit qu'il n'est plus responsable de ce qui se passe hors de l'unité.

Pour le transport en taxis, une auditrice de Sidi Bouanaba, dans la vieille ville, est intervenue pour décrire le calvaire des habitants de ce quartier quand ils partent à la recherche d'un taxi. Les représentants des trois syndicats des taxieurs invités à l'émission sont alors intervenus pour dégager la responsabilité de la corporation en rappelant que cette contrainte résulte de la conjoncture et est créée par les projets de modernisation en cours, notamment le chantier du tramway qui a fait que tout le centre-ville de Constantine a été interdit d'arrêt aux taxis. A propos de la permanence de nuit du service de taxis, il précise que cette question est du ressort du wali.

A propos du succès, cette année, du système de permanences mis en place, le représentant de la direction du commerce assure avoir agi de concert avec l'organisation des commerçants (l'UGCAA). « Résultat : sur 66 boulangers, 61 ont répondu à l'appel et ouvert durant les jours de l'Aïd, soit 92 %». Celui des commerçants fait observer qu'il n'y a pas de lois claires pour sanctionner le défaut de permanence. Et il déclare que les commerçants sont tout à fait disposés à rester ouverts la nuit, et durant toute l'année, si le problème de la sécurité est résolu.