Le diabète a
tendance à survenir chez des enfants de plus en plus jeunes dont la tranche
d'âges se situe entre 0 et 5 ans. Le dernier cas de diabète de type 1
diagnostiqué à la Clinique pédiatrique Oran-St Michel (Plateau) du Pr Touhami
est âgé d'à peine 4 mois et 2 jours. L'«incidence» du diabète de type 1 en
Algérie (nombre de nouveaux cas par an pour 100.000 enfants de moins de 15
ans), est de 15. Ce chiffre qui est repris par l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) comme chiffre officiel de l'incidence du diabète de type 1 pour
l'Algérie, provient des statistiques du service du Pr Touhami qui tient depuis
35 ans, le registre du diabète à Oran. La «prévalence» du diabète de type 1 est
quant à elle, selon la même source qui se base sur des chiffres arrêtés au 31
décembre 2009, de 1cas sur 750 enfants de moins de 15 ans. Selon le Pr Touhami,
ces deux chiffres sont calculés par rapport à une population globale d'Oran
estimée à environ 1,5 million d'habitants dont près du tiers, soit près de
500.000, sont âgés entre 0 et 15 ans. Avec une incidence de 15, c'est-à-dire
entre 10 et 20, l'Algérie, a-t-il expliqué, est considérée comme pays à «moyen
risque». Néanmoins, a-t-il averti, l'incidence est en train d'augmenter. Cette
tendance pourrait s'expliquer, selon le Pr Touhami, par deux facteurs: un
profil génétique particulier et/ou des facteurs dits d'environnement, comme par
exemple la vaccination, même si, a-t-il précisé, le rapport de cause à effet,
entre cette dernière et le diabète de type 1, n'est pas totalement prouvée. Ce
qui est en revanche avéré, selon le Pr Touhami, c'est que le diabète de type 1,
appelé aussi diabète maigre ou juvénile, est une maladie dite auto-immune. Lors
de ce mécanisme auto-immun, l'organisme fabrique, chez une personne
génétiquement prédisposée, des anticorps contre son propre pancréas, a-t-il
expliqué. Pour les spécialistes, la plupart des maladies auto-immunes sont
probablement le résultat de causes multiples, telles qu'une prédisposition
génétique stimulée par une infection, associée à la présence d'une substance
chimique ou aliment. La découverte d'un diabète de type I se fait souvent par
la survenue de signes caractéristiques comme un amaigrissement, une soif
intense, une asthénie et un besoin fréquent d'uriner. Un retard de diagnostic
d'à peine quelques heures peut créer de sérieuses complications, a affirmé le
Pr Touhami. Le seul traitement du patient diabétique de type I consiste en des
injections quotidiennes d'insuline. Pour le Pr Touhami, l'évolution actuelle du
diabète du type 1en Algérie, nous impose de nous réorganiser sur le volet
économique, notamment, en matière de remboursement des frais médicaux pour les
patients démunis. Ces frais peuvent atteindre 13.000 DA par mois et par
patient. Les malades qu'on reçoit ne bénéficient pas tous du remboursement de
tous les médicaments, car ils ne sont pas tous détenteurs de la carte «Chifa»
de la sécurité sociale. 20 % de nos malades sont des cas sociaux. Ces cas, très
souvent, suivent un traitement minimum, juste de quoi survivre. Les cartes dont
ils disposent, délivrées par les communes, ne leur donnent le privilège de la
gratuité que pour quelques médicaments indispensables comme l'insuline. Mais
pour le reste, ils sont contraints de payer de leur poche, et ce n'est pas
toujours évident pour quelqu'un qui n'a aucune ressource. Cette aspect
représente également une sérieuse source d'inquiétude pour le mouvement
associatif, à l'instar de l'Association «Voix des diabétiques» (AVDD) d'Oran,
qui a exprimé dernièrement, par la voix de son président, le Dr Bekkara, à
l'occasion de la Journée mondiale du diabète, son «inquiétude» pour les malades
démunis, en invitant les secteurs de la Santé, de la sécurité sociale et de la
Solidarité nationale à conjuguer leurs efforts et moyens, pour la prise en
charge totale des malades non assurés.