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Une augmentation
alarmante dans le nombre de nouveaux cas de cancer a été constatée à Oran cette
année. Durant les dernières années, la wilaya d'Oran enregistrait une moyenne
de 1.500 nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, chaque année.
Or, durant les
dix premiers mois de l'année en cours, les services de la santé ont recensé
quelque 2.200 nouveaux cas de cancer. Les localisations pulmonaires et
digestives chez l'homme et les localisations génitales (sein, utérus) chez la
femme sont les plus fréquentes. Sur les 2.200 nouveaux cas, le cancer du sein
représente 43% des cas recensés chez les femmes, suivi par le cancer du col
utérin avec 14% des cas, alors que 12% des cas représentent des localisations
pulmonaires. Selon un rapport sur la santé des Algériens élaboré par le
ministère de la Santé, cette situation s'aggravera dans les prochains
décennies, en raison du vieillissement de la population qui s'amorce, de la
dégradation des conditions environnementales et, enfin, des changements de
comportements (tabagisme et habitudes alimentaires). Dans le but d'évaluer les
différents programmes de lutte contre les cancers génitaux chez la femme, la
direction de la santé de la wilaya, en collaboration avec les établissements de
santé, a organisé, la semaine écoulée, une rencontre au niveau de l'institut
technologique de la santé publique. Ainsi et dans le cadre du programme de
dépistage du cancer du sein, 5.050 femmes ont été dépistées durant les six
premiers mois de cette année à Oran contre 3.167 durant la même période de
l'année 2009 et 910 en 2008. Le taux de participation des femmes au programme a
atteint cette année 13,09%. L'objectif pour l'année 2011 est de toucher 50% des
femmes âgées de plus de 30 ans. D'autre part, une cinquantaine d'opérations
d'ablation de seins ont été effectuées à Oran durant le premier semestre 2010.
Ces interventions ont été effectuées sur des femmes atteintes de cancer âgées
entre 35 à 60 ans. Chez la femme, les tumeurs du sein représentent 43 % de
l'ensemble de tumeurs, toutes localisations confondues, avec un taux allant
jusqu'à 22 cas pour 100.000 habitants et une prévalence qui commence à
augmenter à partir de l'âge de 30 ans. Le diagnostic précoce peut sauver 25%
des personnes atteintes. Cependant, en Algérie, la culture du diagnostic n'est
pas très répandue. Le malade ne se présente qu'à un stade très avancé de la
maladie. Outre les souffrances physiques, les femmes qui ont subi une ablation
sont aussi victimes de souffrances psychologiques. La maladie cancéreuse est à
l'origine d'une série de réactions psychologiques complexes. Celles-ci sont
souvent sur- ou sous-estimées. Les différents stades de la maladie vont faire
apparaître une grande variété de troubles psychologiques, allant de l'anxiété
au sentiment de révolte ou de culpabilité, de solitude et d'autres dépressions,
voire le suicide, affirment les spécialistes. Pour ce qui est de la lutte
contre le cancer du sein, sept appareils de mammographie ont été acquis
récemment par la direction de la santé. A Oran, il existe aussi six unités de
dépistage du cancer du col utérin, réparties à travers les secteurs sanitaires
de la wilaya. Le cancer du col est provoqué par un virus qui, dans la majorité
des cas, disparaît sans même avoir été détecté. Pour d'autres, il persiste
jusqu'à provoquer des lésions précancéreuses et cancéreuses. Il serait possible
d'éviter ces lésions car, à la différence des autres cancers, le cancer du col
utérin peut être aisément prévenu par le dépistage et le traitement simple,
rapide et bon marché des lésions précancéreuses.