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Le député français Jean-Paul Lecoq,expulsé lundi du Maroc parce qu'il voulait
se rendre au campement près d'El-Ayoun, auquel les forces marocaines
d'occupation ont donné l'assaut, y faisant des morts et des blessés parmi les
civils sahraouis, a, de retour à Paris, interpellé à l'Assemblée nationale le
ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.
Lecoq lui a demandé: primo, ce qu'a fait l'Etat français en réaction au traitement que lui a infligé le Makhzen, et secundo, que la France condamne fermement la répression qui se déroule à «huis clos» en territoire sahraoui occupé et cesse d'apporter son soutien au Maroc sur le dossier sahraoui. Ce à quoi le ministre en sursis a donné des réponses qui suintaient d'hypocrisie et de mauvaise foi. Kouchner a, sans trop insister, exprimé un semblant de solidarité avec le député expulsé par le Makhzen, sans égard pour sa qualité de parlementaire français. Il lui a de même vaguement fait savoir que le Quai d'Orsay a intervenu auprès de l'ambassadeur du Royaume chérifien à Paris. Mais c'est sur le deuxième point que la réponse du «défenseur pur et dur» des droits de l'homme et des libertés a confiné à l'ignoble. Kouchner s'est déclaré «indigné» par la répression qui a eu lieu au «Camp de la liberté». Une indignation qu'il a toutefois tempérée en faisant montre de compassion partagée pour «les victimes» des deux bords. Ce qui revient à placer sur le même pied d'égalité l'agressé et l'agresseur. Poussant le bouchon plus loi, le sieur Bernard Kouchner a proféré une contrevérité énorme devant la représentation nationale française en affirmant que la France œuvre à une solution juste du conflit sahraoui. Solution dont il a laissé entendre qu'elle serait dans le plan «de large autonomie» présenté par le Maroc, qui a trouvé accueil favorable auprès de la communauté internationale. Plus cyniquement menteur que le ministre français des Affaires étrangères, il n'y a pas grand monde dans le cercle diplomatique international, qui est en effet cette «communauté internationale», à appuyer le Maroc dans sa fuite en avant. Sauf la France, les Etats-Unis et deux ou trois autres Etats, l'ensemble de cette communauté a émis des prises de position qui condamnent à la «poubelle de l'histoire» l'échappatoire du plan marocain de «large autonomie». Sur la répression en Iran, Bernard Kouchner fut l'implacable censeur et pourfendeur du régime iranien. Sur celle dont est victime le peuple sahraoui, il n'a versé qu'une petite larme de crocodile, sans s'en prendre par le moindre mot à son «ami le roi». L'on sait sa compassion et sa solidarité à géométrie variable. Hier, devant l'Assemblée nationale française, il en a fait la parfaite démonstration. |
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