Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des «regrets» pour toute réaction onusienne

par Kharroubi Habib

Les «vifs regrets» de l'ONU exprimés par la voix du porte-parole de son secrétaire général pour l'attaque armée lancée lundi par les forces d'occupation marocaines contre les civils sahraouis du «Camp de la liberté» sont en totale inadéquation avec la gravité de la situation engendrée par la répression qui s'est abattue sur ces derniers.

 Du regret, ce n'est pas ce qui est attendu des Nations unies, qui ont pour responsabilité première de protéger le peuple sahraoui de la violence qu'exerce à son encontre l'occupant colonial. L'ONU ne peut s'en tenir à formuler ses regrets quand la soldatesque marocaine massacre des civils désarmés. Il ne lui suffit pas de constater que «l'escalade militaire affecte le climat dans lequel se tiennent les négociations entre le Polisario et le Maroc». Elle se doit d'agir, et pour faire cesser immédiatement la répression qui frappe les Sahraouis et pour exiger du Maroc qu'il se conforme à la légalité internationale dont elle est la source et le garant.

 Faute de quoi, ce sera la fin de cette situation de trêve dans la violence armée que seul le Polisario observe depuis qu'elle était parvenue à l'asseoir entre lui et l'occupant marocain. Le Polisario ne peut en effet rester indéfiniment simple spectateur de la terrible répression qu'a provoquée «l'intifada» pacifique du peuple sahraoui. Il aura toute légitimité à recourir à nouveau à l'option de la lutte armée au constat de l'inaction de la communauté internationale, alors que les forces de l'occupant sont déchaînées contre la population en territoire occupé.

 Le Front Polisario n'a eu de cesse de mettre en garde la communauté internationale que sa patience a des limites face aux agissements criminels dont sont victimes les Sahraouis de la part du Makhzen et de ses forces d'oppression et de la passivité de l'ONU sur la question du Sahara Occidental.

 Ce qui s'est passé lundi matin au «Camp de la liberté», près d'El-Ayoun, pratiquement sous le regard de représentants de l'ONU, en l'occurrence les éléments de la Minurso, est l'indicible qui justifie que le Front Polisario remette en cause la situation de «statu quo» qui prévaut dans le conflit sahraoui au seul avantage de l'occupant marocain et au détriment du peuple sahraoui et de sa cause nationale.

 L'ONU ne pourrait imputer à ce Polisario l'embrasement qui menace, alors que celui-ci l'a interpellée en vain en maintes reprises pour lui demander de s'impliquer franchement au titre de sa responsabilité qui est de protéger la population civile sahraouie contre la violence multiforme qu'exerce sur elle l'occupant colonial.

 L'ONU «regrette» alors que l'opinion mondiale s'indigne et dénonce. Preuve s'il en est qu'elle n'est pas libre de ses réactions qui, même lorsqu'il s'agit d'un crime contre l'humanité, doivent s'exprimer sans mettre dans la gêne les «sponsors» internationaux qui couvrent le criminel.

 La confiance des Sahraouis et du Polisario en l'ONU n'est pas indéfinie et indéfectible. La façon dont elle agira à l'égard du Makhzen après la tuerie du «Camp de la liberté» sera pour eux l'ultime test de ses intentions sur le conflit du Sahara Occidental. Il ne s'agit plus de savoir ce qui va sortir des négociations informelles entre le Polisario et le Maroc, mais si les Nations unies sont réellement déterminées à faire respecter la légalité internationale, dont l'expression mène aux résolutions onusiennes établissant toutes le droit du peuple sahraoui à l'exercice du principe d'autodétermination.