Ceux qui empruntent fréquemment la route de la corniche auront sûrement
remarqué, ces derniers jours, des travaux d'embellissement sur la bordure. Le
tronçon autoroutier de la RN 2 longeant la commune de Mers El-Kébir ne fait pas
exception. Cet axe refait peau neuve de bout en bout. Un relooke fait de
manière bâclée et grossière, à coups d'aspergement du trottoir et du
terre-plein avec de la chaux, d'élagage des arbres, de curage des avaloirs, de
ramassage à mains nues des ordures, changeant le bas-côté?Raison de cette
action d'enjolivement aussi rare qu'inopinée ? La visite du wali. A peine
l'information donnant la daïra d'Aïn El-Turck pour la prochaine et imminente
étape du périple du nouveau chef de l'exécutif local a-t-elle franchi les murs
du siège de la wilaya qu'une vaste campagne de toilettage s'est déclenchée à
travers les quatre points cardinaux de ce secteur. Histoire de planter un décor
pompeux. D'aucuns estiment que ce trompe-l'œil, aussi confectionné soit-il, ne
saurait masquer la réalité, l'arrière-plan.
Car le fond est si évident, si
palpable, qu'aucun voile, aucun prisme ne sauraient le déformer. Tout
particulièrement, les habitants de Mers El-Kébir attendent beaucoup de cette
visite du wali, avec qui ils espèrent s'entretenir de vive voix pour lui faire
part de leurs problèmes, leurs souffrances et leur train-train de vie quotidien
morose. La visite prévue du premier responsable de l'exécutif local demeure
source d'espoir pour les neuf mille âmes de cette commune qui n'a guère été
gâtée par les programmes de développement dont a bénéficié la wilaya d'Oran par
le passé. Cette localité, en dépit de son histoire glorieuse, fut de tout temps
mal lotie dans les plans de développement des collectivités. Ces trois
dernières années, «La Marsa» a littéralement sombré dans une léthargie. Les
problèmes, les vrais, sont aussi divers qu'innombrables. On peut les classer
néanmoins par chapitres. La voirie détient la palme avec un réseau routier
quasi impraticable, notamment le tronçon entre Rose-ville et le lieudit Aïn
Khedidja de l'ex-CW 44, étrangement déclassé en CC récemment; le CC entre Ravin
Evanes (ex-Cité Bastien), Marsa-ville, excavation longitudinale par un chantier
de SEOR six mois seulement après sa réfection; le réseau d'assainissement
carrément à l'abandon depuis belle lurette, alors que plusieurs quartiers n'y
sont même pas branchés; le secteur «Education», avec des écoles primaires
livrées à elles-mêmes. Sur le plan transport, cette localité, à mi-chemin entre
deux destinations principales, a été carrément «court-circuitée». La décharge
qui surplombe le tissu urbain, un dépotoir sauvage grandeur nature qui
«accueille» les déchets des autres communes? Bref, Mers El-Kébir, de par sa
situation peu enviable et ses plaies aussi profondes qu'innombrables, mérite
que le nouveau wali s'y arrête longuement.